Ma maison est un nid de pierresMa maison est un nid de pierres
Les angles, les coins, les roches ont une froide excuse pour la main qui s'attarde
Les couloirs sont de sinueuses dalles où la pensée s'égare
Les ombres ont des lueurs d'opale
Du regard, j'épouse les plafonds nacrés
J'y couche un songe de repos
Sous des vagues de turquoise silencieux
Des veines d'or font glisser en moi une valse de désir lent
Ma maison est un nid de pierres
Tout est rocher
Chaque vitre est l'entaille inespérée de mon âme-géode
Nulle douceur
J'erre
Immobile
Dans le reflet dur des cristaux
Pourtant, au plus sombre de mon antre
Coule une source
Chaque goutte roule le long d'un bras d'albâtre
Et vient, translucide
Jusqu'à la vasque où je m'accoude souvent
Plus de mur
Plus de recoin
Plus d'allée sans lumière
Mais l'eau précieuse revenue d'entre les pierres
Et son chant
Habit de ma nudité minérale
Dans ma maison de pierres vit une source
S'y dissoudre
S'y défaire des angles de la raison
Et apprendre
En l'absence de tout mouvement
La mélodie limpide de la parole