L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé vendredi l'industrie du tabac, un "virus mutant" qui séduit les femmes des pays en développement en usant des mêmes clichés que ceux utilisés quelques décennies plus tôt dans les pays riches.
"L'industrie du tabac est comme un virus mutant", s'est emporté un expert de l'OMS, Douglas Bettcher, lors de la présentation d'un rapport sur le tabac et les femmes publié à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac (31 mai).
"Comme le nombre de fumeurs recule dans les pays de l'OCDE, elle (l'industrie du tabac) doit chercher de nouveaux horizons - des verts pâturages - pour vendre ses produits", a-t-il observé.
Moins touchés par les lois anti-tabac, les pays en développement permettent aux cigarettiers de trouver de nouveaux revenus, s'inquiète l'OMS, qui dénonce des campagnes publicitaires associant la consommation de cigarettes à la "libération de la femme".
Il s'agit là de "stéréotypes" utilisés il y a plusieurs décennies dans les pays riches, s'est insurgé M. Bettcher.
Pour l'instant, sur plus d'un milliard de fumeurs dans le monde, 200 millions sont des femmes. Mais dans la moitié des 151 pays où des enquêtes sur le tabagisme chez les jeunes ont été effectuées, les filles sont à peu près aussi nombreuses que les garçons à fumer des cigarettes, selon l'OMS.
Aussi, à moins que des mesures ne soient prises, la consommation de tabac pourrait tuer plus de 8 millions de personnes d'ici 2030, dont 2,5 millions de femmes, selon l'OMS, qui estime qu'environ les trois quarts de ces décès de femmes surviendraient dans des pays à faibles revenus.
En février, la directrice de l'OMS avait déjà attaqué l'attitude "impitoyable" et "sournoise" de l'industrie du tabac qui cherche à gagner des parts de marché dans les pays émergents.
La Convention de l'OMS de 2005 vise à interdire de publicité et de sponsoring l'industrie du tabac, milite en faveur d'une taxation de ses produits et une interdiction de fumer dans les lieux publics, afin de réduire la consommation de cigarettes accusée d'augmenter les maladies cardio-vasculaires et les cancers.
Seulement 5% de la population mondiale vit dans des pays où la loi interdit de fumer dans les lieux publics, selon l'OMS.
Source : les échos.fr