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| Sujet: L’aviation africaine durement touchée par la fuite des cerve Lun 15 Fév 2010 - 11:23 | |
| L’aviation africaine durement touchée par la fuite des cerveaux
14-02-2010
Depuis de nombreuses années, les compagnies du monde entier se servent allègrement dans le réservoir de pilotes et techniciens africains. Les compagnies africaines, qui les ont formés à grand frais, peuvent difficilement rivaliser au niveau des salaires.
L’Afrique est devenue une région d’approvisionnement en personnel naviguant pour des compagnies telles qu’Emirates, Singapore Airlines, Gulf air, etc.
L’Afrique est devenue une région d’approvisionnement en personnel naviguant pour des compagnies telles qu’Emirates, Singapore Airlines, Gulf air, etc.
Par Willy Kamdem
Depuis plusieurs années, de nombreuses compagnies aériennes émergentes, principalement des pays du Golfe et d’Asie, ont connus jusqu’à lors une croissance folle qui s’est accompagné par de gros investissements et par l’acquisition d’une flotte aérienne toujours plus conséquente. Il leur fallait donc augmenter leur capital humain pour faire face aux besoins quasi boulimiques, en termes de pilotes notamment.
Dorénavant, Kenya Airways songe même à en faire un véritable business en formant, puis en exportant, pilotes, ingénieurs et autres techniciens...
L’Afrique est ainsi devenue une région d’approvisionnement en personnel naviguant pour des compagnies telles qu’Emirates, Singapore Airlines, Gulf air, etc.
Attraction inéluctable
Ces compagnies pouvant offrir des salaires de rêves, allent jusqu’à 10 000 $ mensuels, elles n’ont aucun mal à trouver preneurs sur le continent.
Tous les transporteurs sont touchés, de South African à Air Algérie, en passant par Ethiopian. Cette dernière a fait des efforts pour relever le salaire de ses pilotes à… 2000 $ !
Autre mesure : tout pilote formé par la compagnie qui désire par la suite aller voler vers d’autres cieux plus généreux devra lui payer plus de 25 000 $. Les effets sont malheureusement trop limités pour stopper l’hémorragie. Egyptair, quant à elle, a perdu plus de 150 techniciens en l’espace de quelques années, à titre d’exemple.
Une autre solution toute trouvée est d’augmenter les cadences des centres de formation des compagnies ou carrément d’en construire. C’est le cas notamment de Kenya Airways qui, jusque-là, envoyait ses équipages en Afrique du Sud. Dorénavant, elle songe même à en faire un véritable business en formant, puis en exportant, pilotes, ingénieurs et autres techniciens, a affirmé dans une interview Mr Naikuni, le CEO de la compagnie, pour qui l’idée est à creuser.
Danger
Les conséquences sont bien sûr dramatiques pour ces transporteurs, car, très souvent, ils ont formés à grands frais leurs pilotes et doivent se résigner à les voir partir naviguer ailleurs, ou le ciel est plus clair. En plus de l’impact économique, il est certain que ce pillage a des conséquences sur la sécurité même du transport aérien, car le continent fait face à un manque cruel de mécaniciens certifiés de pilotes bien entrainés, par rapport à ses besoins. En effet, ne représentant que 3% du trafic aérien mondial, l’Afrique recense au moins le quart des accidents d’avions ! Une situation que cet exode ne va pas arranger.
Paradoxe
Face à cette situation, certaines compagnies, à l’instar de Royal Air Maroc, se sont vues contraintes à leur tour d’embaucher des pilotes étrangers, mais cela ne va pas toujours sans heurts, comme l’atteste la grève menée par le syndicat des pilotes de ligne marocains l’été dernier pour dénoncer, entre autres, une politique qui nuit, selon lui, à l’évolution des pilotes locaux, pourtant mieux formés.
Le trafic aérien en Afrique va aller croissant d’après l’OACI, l’Organisation de l’aviation civile internationale, et va voir ses besoins en terme de flotte augmenter avec un taux de croissance de près de 5% sur les vingt prochaines années (selon Airbus).
Bon nombres de compagnies aériennes, à l’instar d’Air Algérie, Ethiopian ou Kenya Airways ont déjà entamé un rajeunissement et une expansion de leur flotte, mais l’exode massif pourrait tuer dans l’œuf cette croissance.
Avec la crise qui touche particulièrement le transport aérien ces dernier temps, les compagnies du Golfe et d’Asie ont certes un peu ralenti la cadence, mais il est probable qu’elles reprendront de plus belle leur débauchage lorsque la reprise économique se confirmera.
L’AFRAA, l’Organisation africaine des compagnies aériennes, a d’ailleurs, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme et demandé des mesures pour stopper la fuite, en créant par exemple un code de conduite et de régulation des flux de personnels navigants des compagnies africaines vers les compagnies plus nanties des autres continents.
Il en va de la survie et du développement du transport aérien africain, mais, reconnaissons-le, sa marge de manœuvre est très faible.
Les Afriques
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