PR. SALIOU DIOP, DIRECTEUR DU CENTRE NATIONAL DE TRANSFUSION SANGUINE :
« La peur du statut sérologique freine le don de sang »
xamle.net
Au Sénégal, les banques de sang sont loin d’être remplies du liquide précieux, même si le nombre de dons de sang a doublé ces dix dernières années à Dakar passant de 10.000 à 24.000 sur un besoin total de 60.000 dons par an. Par contre, les besoins restent énormes dans les régions où il est toujours difficile de sensibiliser les populations sur l’importance du don de sang.
Les populations acceptent, de plus en plus, de donner de leur sang. Est-ce à dire que la situation s’est améliorée dans les différentes banques de sang du pays ?
On note quand même une progression des donneurs de sang ces dix dernières années. En 2002, le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) a recueilli en moyenne 10.200 dons de sang. L’année dernière, nous en avons collecté 24.000. Cela veut dire qu’entre 2000 et 2009, nous avons plus que doublé le nombre de dons de sang. Cette situation s’est améliorée dans la ville de Dakar. Mais, quand on revoit les besoins qui sont en moyenne de 60.000 dons par an pour la ville de Dakar, on peut considérer qu’il y a certes une amélioration, mais il y a un écart par rapport aux besoins réels. Ces besoins sont estimés à partir de la population générale et par rapport à un idéal qu’il faudrait pour éviter une rupture. Ces estimations constituent une situation idéale que même les pays développés n’ont pas. Mais, nous notons toujours un déficit au niveau de tous les centres de transfusion sanguine et nous comptons mettre en place une stratégie pour pouvoir atteindre les objectifs fixés et éviter des ruptures de sang dans les structures sanitaires.
Vous avez parlé d’amélioration de la situation à Dakar. Quelle est la région ou le déficit est encore énorme ?
Quand on jette un coup d’œil dans les différentes régions du pays, on constate que les besoins sont satisfaits dans la région de Dakar à 50%. Mais, sur l’ensemble du pays, les besoins en don de sang ne sont satisfaits qu’à 25%. Cela veut dire que les besoins sont plus importants dans les régions où il est difficile de sensibiliser les populations sur l’importance de don de sang.
Dans certaines régions comme Tambacounda et Matam, les centres de transfusion sanguine sont rares. Et les populations, même si elles veulent donner de leur sang, n’ont pas la possibilité de le faire. Ce qui fait que le nombre de dons de sang ne peut pas encore satisfaire la demande des autorités sanitaires. La solution serait de mettre en place des centres de transfusion sanguine dans toutes les grandes régions, en vu d’augmenter le nombre de dons de sang.
En dehors des campagnes de sensibilisation, quelle stratégie allez-vous mettre en place pour convaincre les populations qui hésitent encore à donner de leur sang ?
Il faut expliquer davantage aux populations ce qu’est le don de sang. Rassurer ces populations sur l’absence de toute infection par rapport au don de sang. Aujourd’hui, beaucoup de personnes hésitent de donner de leur sang parce qu’elles ont peur de connaître leur statut sérologique.
Or, la plupart de ces maladies, une fois diagnostiquées, les personnes victimes bénéficient d’une prise en charge gratuite par les autorités sanitaires.
Donc, chaque personne doit connaître son statut sérologique. Pour ce qui concerne le don de sang, si nous arrivons à mettre en place des stratégies de communication pour toucher le plus nombre de personnes, le nombre de dons de sang va augmenter. C’est ce que nous sommes en train de faire depuis quelques temps en essayant de remobiliser les postes de donneurs de sang qui n’étaient pas très impliqués. Nous venons de signer récemment avec la mairie de Dakar et « Gaston production » un contrat pour sensibiliser le monde de la lutte et les sportifs en général pour qu’ils participent au don de sang. Il faut faire en sorte que toute la population, quel que soit l’endroit où elle se trouve, participe au don de sang en sachant qu’elle ne court aucun risque par rapport aux infections et autres maladies.
Source: LE SOLEIL