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| Sujet: Environnement, 'Ken Kalam' Ven 18 Déc 2009 - 11:11 | |
| ’Ken Kalam’ ou l’art d’une gestion efficace des ressources d’un peuple de la mer
Sénémag - 17 décembre 209
Dakar, 12 déc 2009 (APS) – L’espace vital compris entre Cayar, le long des côtes de la Presqu’île du Cap et les îles qui ceinturent la capitale, constitue pour les Lébous le ’Ken Kalam’, terme sérère désignant l’ensemble des règles de gestion durable des ressources qui ont permis de préserver des générations durant l’environnement de ce peuple de la mer, a souligné samedi à Dakar, Alioune Diagne Mbor, un dignitaire de ladite communauté.
M. Mbor, ’Ndey Dji Rew’(Maire honoraire en langue Wolof) de la collectivité Léboue, a exprimé cette idée au cours d’une causerie qu’il animait sur les savoirs traditionnels dans la gestion durable des ressources.
Cette manifestation rentre dans le cadre de la célébration, le même jour, de la Journée dédiée à cette communauté, présentée comme l’une des premières à habiter Dakar, et qui a été rythmée par des causeries, des offrandes aux génies protecteurs de la capitale et une randonnée autour des îles de la Madeleine.
"Ken Kalam désigne les règles de gestion durable et de préservation des ressources de la communauté Léboue du Cap Vert. C’est un espace communautaire qui appartient à toute la collectivité. Tout le monde ne peut y faire n’importe quoi’’, a d’emblée précisé le dignitaire Léboue.
"C’est l’espace compris entre Cayar, le long de la Presqu’île du Cap Vert jusqu’à Mbour. Il inclut également les îles de Yoff, Ngor, Gorée et les îles de la Madeleine, les îles qui entourent la Presqu’île du cap Vert", a-t-il ajouté.
Selon M. Mbor, "une des premières règles édictées, c’est que toute personne qui capture un poisson dont il n’a jamais vu l’espèce, doit le relâcher immédiatement. De même qu’un homme qui voit un animal qu’il n’avait jamais vu auparavant, doit le laisser filer".
"Ces interdits, a-t-il expliqué, participent du souci de préservation d’éventuelles espèces en voie de disparition. C’est ainsi que les conditions de pêche obéissaient à des règles strictes. Les Lébous connaissaient le poisson à capturer pour la vente et celui à capturer pour le manger’’.
"Il y avait des jours où il était interdit de pêche, que les scientifiques plus tard, ont interprétés comme une technique permettant un repos biologique, une gestion durable de la biosphère", a-t-il rappelé.
"Il était interdit sur les plages, toute activité qui peut la souiller, ou les éléments qui détruisent la flore sur la côte et les îles, de prélever du sable, du coquillage ou des cailloux, au risque de s’exposer aux représailles des génies protecteurs de ces sites", a-t-il en outre rappelé.
"Ces règles, a-t-il fait valoir, devaient être respectées. Les génies constituaient ainsi un moyen d’effrayer les gens afin de les dissuader d’enfreindre les règles. C’est ainsi que chaque site dispose d’un génie protecteur".
Le génie de Cayar est surnommé Ngedji, celui de Gorée Coumba Castel, de Rufisque Coumba Lamb, celui de Bambilor Gorgui Bambilor. Les îles de la Madeleine ont la particularité d’abriter le génie protecteur de toute la capitale, Deuk Daweur, a-t-il rappelé.
Pour le Ndeye Dji Rew de la collectivité Léboue, ces êtres (surnaturels) veillent à la protection de la Presqu’île, apportent la santé, la prospérité et la pérennité de la zone. Ces croyances sont à la base des règles de gestion durable des ressources de la communauté.
Ce sont l’ensemble de ces règles qui sont à la base d’une gestion durable des ressources de la communauté Léboue, et de la même manière, le cousinage à plaisanterie était un moyen de préserver la vie des animaux, a-t-il souligné.
Il en est ainsi des patronymes. Quelqu’un qui se nomme Séne ne doit pas tuer un lapin, s’il se nomme Ndiaye il ne doit point s’attaquer à un lion etc., a dit l’ancien ministre en charge des Parcs dans les années 1970.
AKS/ASG
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