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| Sujet: NOUVEL ALBUM DE MISAAL Lun 14 Déc 2009 - 21:25 | |
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« Kalama » ou le refus de retomber dans l’oubli
Misaal est bien revenu dans la place. Et c’est à travers « Kalama », un nouvel album que le groupe issu du quartier dakarois Patte-d’oie signe son come-back. Et, selon Ousmane Wade, pianiste, Samba Laobé Ndiaye, bassiste, et Racine Ly, guitariste, venus nous rendre visite à la rédaction, les sept ans d’absence de l’orchestre sont une parenthèse bien fermée. En parlant au nom du groupe, en l’absence de leurs trois autres complices Weuz Kaly, Omar Bâ, chanteurs et Tinka Cissé, percussionniste, ils ont remonté avec nous le temps, décrypté leur nouvel album et rassuré quant à la suite de leur carrière musicale...
source : www.lesoleil.sn - 12/12/2009
Le retour sept ans après
Le retour du groupe Misaal s’est fait en deux étapes. La première a commencé en novembre 2007 avec une série de concerts à Dakar. Ensuite, on a aussitôt attaqué la préparation de l’album avec la confection de la maquette. Après cela, on a pris le temps nécessaire pour l’écouter et nous mettre d’accord sur la direction artistique que l’on voulait donner à cet album. Il faut noter aussi que dans notre organigramme, il y a Samba Laobé qui fait office de directeur artistique. Donc, c’est autour de lui que toutes les décisions concernant l’orientation musicale et artistique se font. Il a cette responsabilité de trancher car étant membre fondateur, il maîtrise bien l’état d’esprit du groupe et les objectifs tant artistiques que musicaux. Donc, ce voyage-ci constituait la deuxième étape et cela nous a permis de satisfaire une demande pressante du public qui était fan déjà du Misaal . Evidemment, les premières réactions ont été très positives jusqu’ici, par rapport aux prestations que l’on a eu à faire et aux avis que l’on a eu à recueillir de part et d’autre.
« Les gens apprécient énormément l’esprit de cet album et surtout ils espèrent tous, comme nous aussi, que cela ne soit pas juste une étape éphémère. On ne doit pas retomber dans l’inactivité concernant la carrière du groupe. Nous aimerions signaler que l’on est tous engagé à maintenir le cap en ce qui concerne la reprise de la carrière du groupe. On est en train d’installer un organigramme qui permettra de mettre en œuvre et consolider ce projet de retrouvailles » .
Liens de fraternité et d’amitié : « C’est vrai que pendant sept ans, nous étions absents de la scène musicale sénégalaise, mais on avait toujours ce lien de fraternité et d’amitié qui nous a unis en tant qu’habitants de la Patte d’Oie. Donc on était constamment en contact et, durant tout ce temps, on mûrissait l’idée de revenir un jour. Cela n’a pu aboutir qu’en 2007, comme l’a rappelé Ousmane. C’était cela la première étape et, ensuite, la deuxième consistait à monter la maquette de l’album et à réaliser le disque. Ce qui nous a pris beaucoup de temps parce que maintenant les musiciens du Misaal habitent les quatre coins du monde. Donc, il fallait attendre selon la disponibilité de chaque élément.
C’est ce qui a fait qu’il y a eu un retard pour la confection de l’album. Même durant les sept ans, on était constamment en contact, on se parlait beaucoup et on arrangeait en même temps les morceaux du Misaal . Car nous étions conscients d’une chose : l’histoire était loin d’être terminée. C’est une aventure que l’on a entamée il y a une vingtaine d’années et on savait qu’on allait repartir sur les routes ».
L’esprit de l’album Kalama : « C’est un album de douze titres. Comme à l’accoutumée, on a essayé de toucher à tous les styles musicaux qui peuvent exister au Sénégal. On y retrouve du mbalax, de l’afro, des rythmes sérères, pulaar. On a un peu chanté en anglais, en sérère, wolof et français. Cette production est une somme d’expériences que nous a vécues tant avec le Misaal qu’avec les autres artistes locaux et internationaux que les membres du groupe ont eu à fréquenter. Il est très diversifié et s’inscrit dans le cadre de ce que l’on avait entamé depuis la création du groupe.
« Kalama », c’est la parole, c’est l’appel aux vraies valeurs. Les gens ont besoin de se calmer et de revenir aux choses essentielles. Et nous, à travers notre musique, on a voulu lancer ce message-là. C’est un peu aussi pour rendre hommage aux hommes de paix qu’a connus le Sénégal. C’est pourquoi, dans les titres, il y a une chanson intitulée « en hommage à Baya Lahad », khalife du Mouridisme. Un homme de paix qui défendait les valeurs essentielles de la vie. Aussi, « Kalama », c’est l’histoire des enfants, ces êtres qui ont besoin de protection ».
Orientation musicale : « De nature, on a été très curieux. Même avant de commencer à faire de la musique, on se connaissait. Et on avait découvert une ressemblance en termes de goûts musicaux. On écoutait beaucoup de jazz, de musiques sud-africaines. On consommait les mélodies de Miles Davis ensemble, celles de Youssou Ndour, Super Diamono, du Xalam. Cet engouement pour la musique nous a suivis jusqu’à maintenant. Et à chaque fois que l’on fait un album, on essaie toujours de refléter tout ce qui nous a influencés depuis notre jeunesse. Et aussi, il y a de nouvelles couleurs que le Misaal veut apporter dans la musique sénégalaise. Nous nous disons, on a pris le nom Misaal qui est synonyme d’exemple et nous devons montrer ce bon exemple. C’est dans cette optique que l’on s’est mis à perfectionner notre musique afin de présenter au public quelque chose de différent. On est toujours dans cette optique et, si vous écoutez l’album, vous verrez une grande différence par rapport à ce qui se fait actuellement. Bon, je crois que c’est dans le bon sens, sinon il y a du travail à faire.
« Kalama », on dira d’abord que c’est de la musique sénégalaise et c’est beaucoup plus proche de la world-music. On ne peut dire que c’est du mbalax, car il est un rythme parmi tant d’autres. A côté du mbalax, il y a beaucoup de rythmes que l’on a eu à connaître dans ce pays. D’ailleurs, cette même question nous sera posée ultérieurement parce que, pour la distribution dans le monde, il faut être catalogué. C’est une musique très world, puisée dans la richesse culturelle du Sénégal ».
Accrocher la jeune génération :
« Nous pensons qu’à ce niveau, il y a un travail de rafraîchissement de mémoire ou simplement de mise à disposition de ce qui a déjà été fait. Peut-être que l’on n’a pas donné assez de place au travail qui fut jadis fait. Parce qu’il faut voir que dès l’instant où on a décidé de reprendre les activités du groupe, on a mis en place un site web avec la biographie, la discographie, une galerie photos de tout ce qui a été fait durant la première étape de la carrière du groupe. Sauf que nous pensons que nous n’avons pas beaucoup communiqué sur l’accès à ce site. Maintenant, le travail consiste à rectifier le tir à ce niveau ; cela donnera l’occasion à ceux qui n’ont jamais connu le groupe de se familiariser avec lui à travers ce site. Mais je pense que de nom, c’est un groupe connu, même si sa musique est « étrangère ». Et on laissera ces fans apprécier cette évolution positive que nous espérons atteinte. C’est vrai que le groupe est resté inactif pendent sept ans, et cela fait onze ans que le Misaal n’a pas sorti un nouvel album. Les gens auront l’opportunité de déceler cette évolution. A parler proprement de la musique en général, c’est vrai que la musique au Sénégal, bien qu’ayant évolué, est beaucoup restée sur le même registre. Il n’y aura pas une grosse perte de repère par rapport à ceux qui nous découvrent, si on se base sur ce qui s’est fait pendant que le groupe était en veilleuse. Il y a, certes, un vide dû à notre absence, mais je pense qu’à force de travail, nous pouvons le combler pour que la nouvelle génération de Sénégalais puisse avoir accès à notre musique. En plus de cela, on a fait une autre concession en nous appesantissant sur les rythmes locaux afin d’apporter ce métissage, l’occidentaliser un peu. Car le but c’est produire une musique pour toutes les générations ».
Un nouveau cheminement : « La réflexion n’a pas tout à fait aboutie, mais notre volonté, nous, c’est de remettre le groupe dans sa base originelle. C’est notre décision pour le moyen terme. Mais, dans l’immédiat, ce qui peut se faire, c’est de fixer des objectifs, trouver les moyens pour les atteindre, et ensuite en fixer d’autres encore. Pour l’instant, on souhaiterait aborder l’année 2010 avec beaucoup plus de perspectives, ici au Sénégal. C’est-à-dire être le plus présent possible, mettre en place un organigramme qui serait chargé de la gestion du groupe sur le plan national et sous-régional. Il faut aussi initier des projets de développement par les mécanismes qui existent déjà pour venir jouer régulièrement au Sénégal. Le cas échéant, faire comme on a toujours fait. C’est-à-dire trouver nos propres moyens à nous, nous cotiser par exemple, en espérant un retour sur investissement. Concrètement, il y a aussi d’autres projets à caractères sociaux et même dans le cadre de la formation. Nous pensons qu’il serait normal que l’on puisse faire bénéficier aux jeunes, surtout à ceux de la Patte d’oie, de tous ces mécanismes de soutien que l’on détient. Ces jeunes qui nous on aimés, supportés et qui ont embrassé des métiers de la musique. Le but, c’est de leur offrir chacun un avenir meilleur selon le chemin qu’il voudrait suivre. A terme, le Misaal voudrait revenir au Sénégal.
Carrière solo et trajectoire individuelle
Samba Laobé Ndiaye : « Pendent ce temps d’absence du Misaal, c’est vrai que j’ai accompagné pas mal d’artistes sénégalais. Cela m’a mieux permis de perfectionner mon mbalax (sourire-ndlr). J’ai beaucoup travaillé avec le label Jololi. On a eu à faire beaucoup de séances de studio. J’ai côtoyé de grands noms de la musique sénégalaise. A chaque étape, c’était un enrichissement musical de plus. Ce qui fait que je suis vraiment content d’avoir travaillé avec toutes ces personnes. Certes, le Misaal m’a beaucoup manqué durant cette période, mais le vide était comblé, car j’étais toujours dans la musique. Ce qui m’a permis de faire mon album solo intitulé « Sénégal » et de faire la promotion de cette production instrumentale à travers le monde. Toute cette belle expérience, je compte la mettre au service du Misaal ; et pourquoi ne pas continuer ma carrière solo ? C’est une fenêtre que l’on voudrait ouvrir. Il y a dix ans, on ne pouvait laisser aucun membre du groupe faire une carrière solo ou jouer avec d’autres musiciens, car les obligations étaient pesantes. C’est une bonne occasion de se prouver qu’on peut rester au sein du Misaal et avoir des activités parallèles avec d’autres groupes ».
Racine Ly : « Ces sept années d’inactivité du Misaal m’ont permis de collaborer avec des musiciens. Surtout avec le label Jololi dans le cadre de tournées. Tout dernièrement, j’ai réalisé un documentaire pour le compte du ministère de la Santé. Pour moi, c’était beaucoup plus les tournées que les studios ».
Ousmane Wade : « J’avais complètement zappé la musique après l’arrêt des activités du groupe. Mais, il m’arrivait dès fois d’accompagner ma deuxième famille musicale, le Super Diamono. Donc, j’ai souvent fait leurs tournées internationales et aussi j’ai pu les « dépanner » quand ils avaient besoin de moi au niveau local. Par la suite, quand on a commencé à se dire que l’on devait reprendre les activités du groupe, je me suis mis à collaborer avec Souleymane Faye. Un artiste qui est, avec ces compositions, musicalement proche du Misaal. Une chose était claire dans ma tête, je ne me vois faire une carrière musicale qu’au sein du Misaal. En dehors, je pourrais donner un coup de main, mais non construire une carrière structurée.
Un groupe ouvert, un air de famille
« Actuellement, pour cette étape concernant la réalisation de l’album et sa promotion, nous sommes six sur neuf musiciens, on va dire. Car le groupe, depuis sa création jusqu’à l’arrêt des activités, c’était huit musiciens et un manager qui vit aux Etats-Unis. Ce dernier s’occupe toujours du groupe sur le plan local. Donc là, il a matière à travailler avec ce nouveau projet de reprise des activités. Les deux autres musiciens qui sont en Europe n’ont pas pu participer pour des raisons de disponibilité. Ils se sont engagés dans des choses par rapport auxquelles ils ne peuvent pas se libérer. Mais nous sommes toujours en contact avec eux pour le bilan de ce qui a été fait durant cette promotion. Pour l’aventure, on va collaborer avec d’autres musiciens qui joueront à leur place, mais les portes leur restent ouvertes, car ils ont toujours leur place dans la « famille Misaal ». Pour cette étape on est quatre instrumentistes et les deux chanteurs.
Pour les concerts tenus à Dakar, on a joué avec de grands musiciens comme Alioune Seck, Ndongo et Moussa Diouf, des percussionnistes qui sont venus nous prêter main forte. Et il y a un de nos petits frères, Cheikh, qui joue avec nous. Il habite la Patte d’Oie et est tombé amoureux de la musique grâce au Misaal. Tantôt nous parlions des vocations que l’on a suscitées dans notre quartier et ce jeune musicien, qui a joué avec Yoro Ndiaye et le Daara J. Family, en est une illustration. C’est l’histoire de la famille Misaal.
Entretien réalisé Par : Omar DIOUF, Massiga FAYE et Amadou M. NDAW
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