Changements climatiques : Le Sénégal particulièrement exposé
Les changements climatiques ont déjà commencé à manifester leurs effets au Sénégal, pour qui veut les voir, et cela va s’accentuer. Pour la production agricole, les conséquences seront de plus en plus lourdes si rien n’est fait.Le directeur pays du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud) M. Boubou Dramane Camara, parle du Sénégal, comme faisant «partie des pays dont toutes les données géographiques prédisposent à plus de vulnérabilité aux changements climatiques». Il est situé sur la bande sahélienne «au voisinage d’un grand désert avec une côte maritime longue de 700 km. C’est pourquoi ici, au Sénégal, les conséquences des changements climatiques ne relèvent plus de spéculations : ce ne sont plus des phénomènes à venir et dont on devrait préparer l’avènement». Selon M. Camara, les manifestations «des changements climatiques sont déjà là et frappent à nos portes». A titre d’exemple, il parle du relèvement du niveau de mer qui est une réalité, dans certains endroits de Dakar, Rufisque et Saint-Louis, les côtes sont systématiquement agressées par les vagues déferlantes de la mer et détruisent progressivement et de façon irréversible des établissements humains.
D’ailleurs pour ce dernier point, M. Luc Grégoire, économiste principal au Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), pense «qu’il y a un besoin de financement supplémentaire pour protéger les infrastructures. Il faut doubler la somme et arriver à 86 milliards francs pour la seule zone de l’Afrique de l’Ouest. Et il faut un effort de solidarité nationale et internationale pour lutter contre le réchauffement climatique».
ImageL’impact du changement climatique sur le développement humain a amené la communauté internationale à se pencher sur la question. Pour préparer le prochain rapport sur le développement humain, 2007-2008, le comité national de pilotage a initié une réflexion de deux jours sur les changements climatiques, sécurité alimentaire et développement humain.
L’appauvrissement des écosystèmes ruraux précarise les établissements humains de l’intérieur et accentue les migrations liées à la pauvreté tandis que les inondations dans les zones périurbaines impropres à l’habitat aggravent la morbidité et posent des problèmes de prise en charge adéquate par le budget de l’Etat.
Actuellement, le dérèglement du régime des pluies est la cause des inondations qui affectent les populations les plus pauvres de la banlieue. Ce dérèglement multiple les risques sanitaires avec les maladies hydriques, le choléra et la persistance des foyers du paludisme.
Pourtant, M. Pascal Sagna, dans son exposé soutient que la pluviométrie a connu une baisse de «30% et la température a augmenté de 1° au Sénégal». Il est professeur à l’Université et participait à cette rencontre sur les changements climatiques, sécurité alimentaire et développement humain. Il a traité de l’évolution du climat au Sénégal.
Le réchauffement des températures conjugué à la surexploitation des ressources est de nature à affaiblir la biodiversité et à déséquilibrer les écosystèmes dans certains milieux marins avec toutes les conséquences sur la chaîne alimentaire donc sur la subsistance et les revenus des populations dépendants des ressources halieutiques.
Avec le dernier rapport mondial sur les changements climatiques, l’humanité est consciente que l’environnement dont l’équilibre et l’harmonie, plusieurs fois millénaires, est prise aujourd’hui au piège des actions anthropiques. Le rapport mondial souligne «que pour la première fois, du fait du mode de vie des hommes de notre génération, l’on risque d’atteindre ce qu’il est convenu d’appeler le point de basculement». Les changements climatiques constituent une menace pour les conditions de production et donc une sécurité alimentaire. L’alimentation étant le premier des droits Humains, c’est, par conséquent, le point de départ de la lutte contre la pauvreté.
Le secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, M. Oumar Sylla, qui présidait la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, pense que «l’importation des produits alimentaires dont les prix s’envolent à l’échelle internationale pèse lourdement sur la balance commerciale, sans que la sécurité alimentaire ne soit garantie. De ce fait, la malnutrition continue de sévir. Ainsi, d’après les données du Dsrp 2, le niveau d’insuffisance pondérale est de 22% en zone rurale contre 10% en milieu urbain.
Par Safiétou KANE - Le Quotidien.