Retour sur la situation des albinos sur le continent africain L’Afrique sous tchador, l’Afrique muette, l’Afrique et l’handicap.
"Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, mais l’indifférence des bons". Martin Luther KING
Voici deux occasions ( Liège en Belgique et Nanterre/ France) qui me permettent d’exposer une situation difficile, qui se passe en Afrique, ce continent du lien, de la solidarité, qu’en est-il en réalité ? J’ai décidé de parler de l’handicap dans sa généralité et de l’albinisme en particulier. La situation des handicapés n’est enviable nulle part au monde, mais en Afrique, toute situation à cause de la pauvreté, des mentalités rétrogrades et primitives ( tout à une cause, voire animisme et religions traditionnelles L. V .THOMAS) est amplifiée.
Comment dans une société du LIEN, de la Solidarité, de l’Assistance, peut-on imaginer certaines déviances, certains comportements envers des humains si différents soient-ils ? Ne sommes nous pas capables de comprendre et de penser avec Levinas ceci : « En se voyant dans le visage de l’autre, tu comprendras que tu ne dois pas tuer, maltraiter, parce qu’en réalité tu te vois et pourquoi te faire tant de mal, cette réflexion est simple, mais le bon sens, dusse en souffrir Descartes, est la chose la moins bien partagée : pensons aux violences pendant les guerres au Rwanda et récemment en Afrique du Sud, et récemment en Géorgie».
L’Afrique n’est pas une sainte, il faut lui enlever ce tchador qui cache tant de choses, opérer une révolution des mentalités et refuser cette idée ancestrale et saugrenue que tout est causé par quelqu’un, ou que tout a une cause, ce qui conduit à des déviances inhumaines, des accusations ravageuses. Nous sommes dans un monde traditionnel africain du caché, du sacré et de la surprotection pour sauver la face, dissimuler voire corrompre la vérité.
En Afrique jusqu’à ce jour dans plusieurs contrées tout a un sens, anodin ou caché, une signification, et c’est ainsi que tout objet a une âme, toute mort, naturelle ou pas, toute maladie, tout malheur a un sens, le mauvais œil, un mauvais sort jeté par un ennemi, le voisin jaloux, de là découle une certaine peur, des préjugés et quelque fois de la violence et de l’exclusion, n’est-ce pas que les épileptiques avaient été traités comme des possédés et avaient fait l’objet de violence inouïe. Rationalité où es-tu ? Quand seras-tu avec nous, pour que 1+1=2 ? Passons.
Approche scientifique de l’albinisme oculocutané : C’est une affection autosomique récessive qui a pour caractéristique notoire la réduction ou l’absence de mélanine dans la peau, les cheveux, les poils et les yeux ( iris et épithélium pigmentaire de la rétine). Les conséquences sur la vue sont lourdes une acuité visuelle très faible, une photophobie et quelquefois un strabisme ; la sensibilité aux UVA et UVB ( érythème puis kératose actinique) est due à l’absence de mélanine qui prédispose aux cancers de la peau.
Le tableau est lourd et la personne atteinte souffre d’être différente, et certains parents sont souvent les premiers accusateurs ce qui transportent nos chers frères dans des situations quasi dramatiques et invivables en Afrique et dans plusieurs ethnies.
C‘est en 1958 que Fitzpatrick et son collègue montrent en utilisant la dopa réception de Bloch que les follicules pileux de l’homme albinos contiennent des mélanocytes sans activité tysosiniasique. La fréquence générale de l’AOC est estimée à environ 1/20000. Ce ne sont pas seulement les humains qui sont frappés par cette absence ou cet handicap, les animaux aussi, ainsi on pourra voir des gorilles des salamandres, des requins des oiseaux, des lions des cobras, des homard, des chevreuils, des ragondins,etc.
© bbc
Les représentations culturelles de l’albinisme en Afrique.
Les albinos sont souvent victimes de sacrifices humains. Génies des eaux, mi-homme, mi-dieu, tels sont les attributs que l’on prête dans certains pays d’Afrique, aux albinos. Ils sont souvent recherchés en fonction des ethnies, pour leur soi disant pouvoirs bénéfiques ou maléfiques, ils sont souvent victimes de sacrifices humains. Il n’est pas rare en Afrique à la rubrique des faits divers de voir le meurtre d’un albinos.
Encore une fois, c’est la mère, la maman qui est responsable, on l’accuse d’un adultère, d’avoir fait l’amour pendant ses règles et comme sanction, elle accouchera d’un tel enfant qui n’est rien d’autre qu’une personne à part entière et qui mérite de jouir de la vie comme toute personne. Les albinos, selon les cultures sont des êtres qui apportent la chance, il n’est pas rare que pendant les élections que les leaders politiques cherchent à coucher avec une albinos vierge, de consacrer beaucoup d’intérêt aux albinos. Dans la simple vie courante, on leur offre des présents. Malheureusement il faut le dire et le dénoncer, les albinos dans nos cultures africaines en général, sont réputés être plus des objets de sacrifices que des êtres humains.
Ils sont convoités pour leurs organes génitaux, leurs têtes et les parties du corps. Il est vrai que ces comportements discriminatoires dans une société dite solidaire et du lien social où toute personne à sa « place » devient moins courante, mais il n’est pas rare aussi de voir un bébé albinos rejeté à la naissance et voici une anecdote « Quand je suis né, mon père ne voulait pas de moi, heureusement le reste de ma famille l’a convaincu de me garder pensant que j’étais une bénédiction » explique Anguy Bajikila Mudimba le président de Albinos sans frontière du Congo. Souvent perçus comme mauvais présage, les albinos vivent à l’écart, reclus et certains ont même peur de sortir de peur qu’on leur fasse du mal.
Ce même comportement persiste en Occident, quand un africain dit normal rencontre un albinos, il peut lui arriver en fonction de ses représentations culturelles de cracher pour conjurer le mal ou non. Malgré tout, c’est au pays des blancs que nos frères et soeurs albinos se sentent le mieux, ils se confondent au groupe par le teint même si on peut les identifier ou les remarquer par certains traits plus appuyés, mais le regard en général et les comportements sont moins pesants, moins cruels.
L’Europe a connu des phases comportementales vis-à-vis des handicapés, pensons à L’Hôpital Général décrit par FOUCAULT Michel, tout individu qui n’était pas dans la norme était marginalisé et emprisonné, caché au regard de la société ( mendiant, chômeurs, handicapé, malade, etc). Aujourd’hui encore on connaît la bataille menée par les associations de défense des handicapés pour promouvoir certains droits et les avancées sont notoires, il est vrai que les moyens ne sont pas les mêmes et les mentalités connaissent de gros écarts.
Dans Soundjata ou l’Epopée Mandingue on a bien vu la figure de l’Handicap, les railleries, les conditions difficiles à supporter par les parents surtout la mère vis-à-vis de l’opinion surtout que le malheureux n‘est rien d’autre que le prétendant au trône. Dans certains cas on dira que tout être qui naît est un don de Dieu et à cause de cette réflexion certains handicapés peuvent avoir la vie sauve.
Nous devons combler l’handicap par l’amour et non le rejet et la mort, les parents le font, la société doit les épauler et les gouvernements aussi. En Occident certains handicaps se corrigent par la chirurgie réparatrice, celle-ci arrive petit à petit en Afrique mais le rythme est lent et c’est la réclusion en attendant, voire la mort. Salif KEITA star de la Word musique et malien, célèbre albinos se souvient de son enfance malheureuse faite d’injures, de menaces de frustrations à cause de sa différence de peau, de sa différence avec les autres enfants, il est à saluer parce qu’il est l’un des rares à porter à la sagacité planétaire, la situation des albinos en Afrique et dans le monde. Les associations aussi prennent le relais à travers le monde pour venir en aide à nos frères et sœurs albinos qui ne demandent qu’a exister, vivre comme chaque PERSONNE sur cette terre. La différence comme respect. Les Albinos sont à présent scolarisés, directeur général, enseignants, informaticiens, etc.
Un conseil quand vous allez en Afrique et que vous rencontrez un albin
os dans la rue un bon cadeau serait d’abord du Respect, une casquette, une excellente crème solaire et peut-être des lunettes de soleil etc, que sais-je ? Plusieurs sites africains, des blogs, traitent de ce sujet, bonne lecture et participons tous à décloisonner les mentalités et aux respects et à la dignité de la personne humaine, grioo par ma plume s’efforcera de dénoncer cette Afrique qui vit sous le voile mais aussi l’Afrique qui bouge
Pour terminer, rappelons un film qui a retracé l’univers d’une petite handicapée et qui est devenue par l’amour, sa force de caractère et la sollicitude, professeur d’université : j‘ai nommé Helen KELLER : Sourde, muette et aveugle : l’histoire de ma vie, Paris, payot, 1954
( Film la faiseuse de miracle ou Miracle à Alabama de Arthur PENN), Voici ce qu’en dit l’excellent Aldo NAOURI : « On y voit en effet se déployer ( dans le film), face à la sollicitude inconditionnelle et à l’amour immense des parents, face à la brutalité des résistances de l’enfant, les exigences, froides et aux apparences parfois cruelles, de la toute jeune éducatrice »
Pape Bakary CISSOKO Philosophe, Conférencier et Formateur - Grioo.com