Un mariage sur trois à Dakar finit en divorce, selon une sociologue sénégalaise
Un mariage sur trois à Dakar finit en divorce au cours des cinq premières années de vie conjugale, selon la sociologue sénégalaise Fatou Binetou Dia, chargée de cours à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, à 250 km de Dakar.
Défaut d'entretien, absence de cohabitation du couple, polygamie et incompatibilité d'humeur ont été identifiées comme les causes principales des divorces par Mme Dia, au terme d'une enquête biographique qu'elle a menée en 2001 sur un échantillon de 1290 individus âgés de 15 à 59 ans.
L'adultère, les violences conjugales, le matérialisme et les mariages non souhaités ont été également cités comme à l'origine de nombreux divorces, au terme des échanges que la sociologue sénégalaise a eu avec le public à l'occasion d'une conférence qu'elle a animée mardi dernier à l'Institut français Léopold Sédar Senghor sur le thème de son ouvrage « Mariage et divorce à Dakar, itinéraires féminins».
Cet ouvrage, extrait de sa thèse de recherche, a valu à Mme Dia, qui également chargée de cours à l'Institut de recherche en population, développement et santé de la reproduction à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le prix IRD-Christiane Doré 2008 pour «la meilleure thèse de l'année de l'Institut», a indiqué le Directeur de l'Institut de recherche pour le développement (IRD) de Dakar.
Selon la sociologue, le mariage est très présent dans la société sénégalaise où il continue d'être une affaire de famille et de société plutôt qu'une union entre deux conjoints. « La vie sexuelle de la femme n'est envisageable que dans le cadre d'un mariage», a-t-elle dit, ajoutant toutefois qu'une femme sénégalaise sur mille n'a jamais été mariée à l'âge de 50 ans.
Mme Dia a fait observer par ailleurs que les jeunes filles sénégalaises se marient de plus en plus tard, à partir de 25 ans, et que le Sénégal est le pays d'Afrique de l'Ouest où l'écart d'âge entre les deux époux est le plus important avec une moyenne de 10 ans, ce qui pose aussi problème dans la stabilité des couples.
Le paradoxe du divorce est dans son ampleur, peu perceptible en l'absence de statistiques, qui semblent être récentes alors que le même phénomène existait déjà il y a 40 ans, a-t-elle poursuivi.
Selon la sociologue sénégalaise, les candidates au divorce sont souvent les femmes instruites qui hésitent à se remarier.
Le remariage est toutefois une partie intégrante du divorce qui est encore « perçu négativement par les femmes qui préfèrent vivre dans un mariage polygame plutôt que d'avoir un statut de divorcées », a-t-elle conclu.