BALLOT SCREEN

L'Union européenne a gagné : Microsoft s'apprête à déployer l'écran de choix du navigateur (ou ballot screen ) dans toute l'Europe. La Commission européenne avait exigé du géant du logiciel qu'il cesse de profiter de son monopole sur le marché des systèmes d'exploitation pour imposer son navigateur Internet Explorer, installé par défaut dans Windows. Dès le 1er mars, les utilisateurs de Windows XP, Vista et Windows 7 dans tout l'espace économique européen (l'UE ainsi que l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège) verront apparaître un écran de choix, leur proposant d'installer un autre navigateur. Des "tests en interne" sont déjà en cours, et un essai grandeur nature devrait avoir lieu sous peu en Grande-Bretagne, en Belgique et en France, selon Microsoft .

L'écran de choix sera diffusé automatiquement via Windows Update, service de mise à jour de Windows. Il permettra à ceux qui utilisent Internet Explorer par défaut de choisir un autre logiciel pour surfer. La concurrence devrait être assainie par ce dispositif, négocié par l'ancienne commissaire à la concurrence, Neelie Kroes (aujourd'hui chargée des nouvelles technologies). Les cinq navigateurs principaux, Internet Explorer, Firefox, Safari, Chrome et Opera, seront proposés dans un ordre généré de façon aléatoire. La description accompagnant chaque logiciel sera fournie par les éditeurs respectifs.

La vie privée, un enjeu majeur

Le norvégien Opera, à l'origine de l'enquête de la Commission européenne, se retrouve dans la cour des grands, malgré une part de marché très faible, de l'ordre de 2 %. Google, de son côté, a flairé la bonne occasion pour lancer une gigantesque campagne de publicité pour son navigateur Chrome, avec des affiches dans les gares ou encore dans le métro parisien. Mozilla profite de l'occasion pour insister sur le point fort de Firefox : la protection de la vie privée de l'utilisateur. Par la voix de ses deux dirigeants, Mitchell Baker et John Lilly, l'éditeur rappelle : "Le navigateur Web est aujourd'hui le gardien de nos données, de nos habitudes, de cette vie numérique dont il a une connaissance quasi totale." La présidente et le directeur général de Mozilla estiment "surprenant que la plupart des gens ne se soient jamais préoccupés du choix du navigateur", se contentant d'utiliser "chaque jour le navigateur qui leur a été fourni par défaut", et sont "ravis de soutenir la Commission européenne et Microsoft autour d'une initiative donnant au choix toute la place qu'il mérite", peut-on lire dans leur lettre ouverte .

L'écran de choix, incontestablement positif pour une concurrence saine, pourrait cependant inquiéter les utilisateurs les moins avertis. Obligés de choisir un logiciel sans détenir les clés de réflexion nécessaires, ils pourraient se tourner massivement, par défaut, vers les acteurs connus, Microsoft et Google en tête.