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| Sujet: Sa majesté, le noyer du Brésil Mar 15 Déc 2009 - 17:52 | |
| Par Annie Gasnier - rfi
Surnommé le Roi de la forêt amazonienne, le noyer du Brésil a de plus en plus de mal à tenir debout, face à l´avancée de la déforestation. Menacé, il est aujourd´hui protégé par la loi, pour son rôle dans la biodiversité amazonienne, et pour sa noix, recherchée pour ses grandes qualités nutritives. Un reportage en Amazonie d'Annie Gasnier.
Si vous l´apercevez, de loin, majestueux avec son tronc lisse et dénudé s´élançant à 30, 40, parfois 60 mètres du sol, vous devez vous arrêter. Et l´admirer. Isolé, ses jours sont comptés. Le noyer du Brésil (Bertholletia excelsa), appelé par les brésiliens « castanheira do Para », est l´un des géants et des joyaux d´Amazonie, menacé par l´avancée des activités humaines. Son feuillage vert foncé s´arrondit à la cime et domine la canopée amazonienne, un refuge pour la faune des lieux. Mais l´épanouissement du noyer dépend de la végétation tropicale à ses pieds, pour être pollénisé, et produire ses énormes fruits, les « noix du Para », appelées aussi « noix du Brésil », ou encore « noix d´Amazonie », un nom pour fixer sa provenance : ce noyer pousse dans tout le bassin amazonien, au Brésil donc, mais aussi en Bolivie, au Pérou et au Vénézuela.
Le noyer du Brésil, victime des hommes et des tempêtes
Dans les Etats brésiliens du Para et du Rondonia, où les arbres ont cédé leur place au cheptel et au soja, le noyer du Brésil devient rare. Il est interdit de le couper, alors les agriculteurs l´isolent au milieu des pâtures. « Il subit alors deux graves menaces, explique George Porto Ferreira, chargé de la surveillance de l´Amazonie au ministère de l´Environnement (Ibama) : ou bien il sert de paratonerre, et lors d´une tempête tropicale, meurt foudroyé, ou bien les queimadas, ces terribles pratiques ancestrales de brûlis des pâtures, apprauvrissent le sol autour de lui ». Vaincu, il finit par être abattu, et facilement vendu puisque son bois noble est recherché. Si le tronc dépasse cinq mètres de diamètre, ce noyer était millénaire. Heureusement, son fruit, de plus en plus apprécié, lui offre un sursis. Car bien traité, le noyer est généreux : à l´état sauvage, il donne, lors de la récolte entre février et mars, une moyenne de 150 kilogrammes de noix -jusqu´à 300 kgs selon son âge.
Dans les années 1970, l´Amazonie brésilienne exportait près de 70.000 tonnes par an de noix, aujourd´hui à peine 20.000 tonnes. Dans la région de Maraba, les autorités du Para essayent de replanter l´arbre, mais le noyer, pour des raisons génétiques, se prête mal aux plantations. La cueillette, toujours artisanale, est un travail harassant, auquel les communautés extrativistes s´attèlent souvent en famille. Le fruit, une coque de 30 cms très dure, contient une quinzaine de noix protégeant les grosses amendes blanches. Afin d´alléger le poids des paniers portés à dos d´homme, les coques sont cassées sur place.
La castanha a eu du mal à s´imposer sur le marché
Ainsi le font, par exemple, les indiens Kayapos, de la tribu Kubenkokre, qui vivent dans la réserve Mekragnotire (Etat du Para). « Nous partons en groupe, plusieurs jours, et ramenons seulement les amendes à sécher au soleil, au village » explique Ytumti, le chef de la collecte.
Découverte par les premiers explorateurs du Brésil, au XVIº siècle, la castanha a eu du mal à s´imposer sur le marché, restreinte à l´usage des habitants de la forêt, qui la consomme entière, sèche, dans la farine de manioc ou, aujourd´hui, râpée dans du riz au lait ou des biscuits. A Manaus, Joao Tazza, directeur scientifique de la Fondation Amazonie durable (FAS), se souvient qu´en l´an 2.000, cette noix, à la différence de la noix de cajou, était inconnue hors du Brésil. « Je suis allé en Europe, mener une petite enquête dans la rue : 99% des gens ignoraient ce fruit servi en apéritif, et sa provenance ». Un travail de marketing a donc été entrepris, surtout auprès des nutritionistes, et des fabriquants de cosmétiques, en valorisant les vertus naturelles de cette noix, riche en vitamines et minéraux, notamment en sélénium. Son huile est sans cholestérol.
Aujourd´hui, la FAS par exemple, encourage les 7 000 familles qui vivent dans les réserves comme celle de Juma (sud de Manaus) et reçoivent le ‘Bourse forêt’, à ramasser les noix. Son prix et son écoulement sur le marché, sont garantis par la Conab (Central d´approvisionnement) du ministère de l´agriculture, offrant une source de revenus durables aux populations de la forêt amazonienne. | |
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