ABDULWALID B. SAIFUDDIN, LOGEUR DES PELERINS SENEGALAIS
« Le Sénégal nous doit environ un milliard de FCFA»
Il s'appelle Abdulwalid B. Saifuddin. Il est le patron de «The est of mutawifs for pilgrims from african non arab countries», (logeur des pèlerins des pays africains non-arabes). Il gère un portefeuille de 47 pays et a logé cette année 170 000 pèlerins. Abdulwalid B. Saifuddin a eu à héberger des marabouts tels que feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, feu Serigne Fallou Mbacké, les présidents feu Sékou Touré de la Guinée et feu Hamani Dioury du Niger. Depuis l'année dernière, le Sénégal lui doit, selon lui, 7 millions de rials, soit presque un milliard de FCfa. Il interpelle les autorités et déclare vouloir sauver les relations multiséculaires entre sa famille et le Sénégal.
Depuis quand remonte les relations entre le Sénégal et votre famille ?
Dieu a fait que la collaboration entre le Sénégal et ma famille remonte à très longtemps. Elle a débuté depuis les aïeux de nos deux pays, de deux peuples, par la Volonté de Dieu. C’est d’ailleurs cet aspect historique qui explique notre volonté à travailler avec les autorités de ce pays. Nous n’avons jamais voulu que les pèlerins sénégalais soient confrontés à des problèmes durant le pèlerinage. Nous ne souhaitons pas que les relations se dégradent. Nous agirons toujours sans état d’âmes pour mettre les Sénégalais dans les meilleures conditions qui soient. Ce sont des recommandations de nos aïeux. On ne peut pas effacer l’histoire, c’est sacré. Donc, tant que le Sénégal désirera travailler avec nous, nous serons présents et nous nous mettrons à son service.
Depuis combien d’années travaillez-vous avec l’Etat du Sénégal ?
Depuis 1950.
Et comment se passent aujourd’hui les relations entre le Sénégal et votre structure ?
C’est un de mes jeunes frères qui gère le portefeuille du Sénégal. C’est à travers lui que je suis l’évolution des relations. Pour l’instant, tout se passe bien. Je ne vois pas de difficultés ou de problèmes qui peuvent entraîner la rupture de ces relations. Seulement, il y a des engagements non respectés. Il y a des aspects qui ont été respectés et d’autres pas, dans ce qui nous lie. Lorsque les autorités sénégalaises sont venues nous voir pour les logements, il y a une somme qui a été versée et un reliquat qui devrait l’être par la suite. Ce qui n’est pas encore le cas.
Combien exactement ont-elles versé et combien reste-il ?
Le Sénégal nous doit 7 millions de rials, soit presque un milliard de FCfa. C’est un aspect secret du contrat qui nous lie. Je ne devrais même pas en parler. C’est un de mes oncles qui représentait nos intérêts dans cette affaire.
Cette somme représente le reliquat sur combien d’années ?
Depuis l’année 2008. C’est-à-dire sous le magistère du nouveau commissaire au pèlerinage.
Est-ce que les autorités sénégalaises ont promis de payer ?
Quand notre comité les a rencontrées, les autorités sénégalaises nous ont fait comprendre qu’elles étaient en proie à certaines difficultés, et dès qu’elles auront réglé certains détails, elles comptent payer.
Est-ce que cet état de fait ne peut pas remettre en cause l’hébergement des Sénégalais dans l’avenir ? Le Sénégal leur doit de l’argent et aucun échéancier n’est établi. Cela ne risque-t-il pas de conduire vers une rupture des relations ?
Cela est possible. Parce que cet argent-là ne nous appartient pas. Nous sommes une entreprise qui fait travailler du personnel. Nous avons des engagements vis-à-vis d’une clientèle. Si cette dette n’est pas payée par le Sénégal, ce sera compliqué pour nous. Mais nous ne souhaitons pas que cela arrive. Aujourd’hui, il y a des travailleurs qui viennent réclamer leur dû.
Est-ce que le gouvernement du Sénégal est au courant de cette dette ?
Je ne sais pas, il y a un comité qui est au courant. Et dans ce comité, il y a l’ambassadeur et le ministre des Affaires étrangères.
Est-ce que cette dette n’a pas fait que le Sénégal ait subi une sorte de punition de leur part, d’autant plus que, cette année, les Sénégalais ont pratiquement tout partagé avec des pèlerins d’autres nationalités comme la Guinée et le Burkina Faso ?
A Minam, c’est possible. D’ailleurs, la plupart du temps, tel est le cas. Les pays occupent des niveaux dans les immeubles.
Qu’est-ce qu’on doit faire pour améliorer la collaboration ? Et quel est le pays africain le mieux coté chez-vous ?
A ce que, il semble y avoir un gros changement dans la gestion du Hajj. On dirait que le Sénégal ne croit plus au pèlerinage. Avant, les Sénégalais n’avaient jamais de problèmes. Au niveau des dates prévues pour leurs avions, le Sénégal respectait tout. Mais maintenant, il y a beaucoup de problèmes. Au sein du bureau ou entre eux, ils ont toujours des problèmes, notamment dans la gestion des avions, des cars, de l’hébergement … Tous les pays africains qui travaillent avec nous n’éprouvent pas ses difficultés. Cela n’existe qu’avec le Sénégal qui ne respecte plus ses engagements vis-à-vis de nous. Quand ils sont dans le besoin, ils parviennent à te convaincre facilement, mais à l’heure du bilan, ils ont toujours des problèmes pour respecter leurs propos. Je ne sais pas pourquoi !
Ces problèmes surviennent depuis quand ?
Depuis l’année dernière, c’est-à-dire en 2008.
Devrait-on craindre des représailles contre le Sénégal si cette situation persiste ?
Je pense que le Sénégal est un pays de justice. Je pense que le gouvernement sénégalais ne va pas manger l’argent… Nous avons eu des relations qui ne datent pas d’hier. Et, on souhaite que ces relations continuent. Nous savons que les Sénégalais croient en Dieu. Et nous pensons que nous allons continuer à leur offrir nos services. On est prêt à discuter avec les autorités sénégalaises sur cette question. C’est notre droit et nous allons continuer à le réclamer. Et nous croyons que les autorités sénégalaises peuvent refuser cela. Ils n’accepteront pas l’injustice. L’Etat du Sénégal nous a causé beaucoup de tort, car cet argent ne nous appartient pas. L’immeuble nous appartient, nous avons donné tous les services dont les Sénégalais avaient besoin, donc on doit nous payer notre argent. S’ils nous avaient dit qu’ils n’allaient pas venir, nous aurions loué l’immeuble à d’autres personnes. On a été informé trop tard qu’ils ne venaient plus. Nos relations datent de longtemps donc nous osons espérer que le gouvernement va nous payer. C’est injuste que le gouvernement refuse de nous payer. Nous sommes des frères, nos immeubles sont ouverts aux Sénégalais.