julie .:::|| ami ||:::.
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| Sujet: La lutte contre l’excision continue de gagner des voix Ven 27 Nov 2009 - 21:20 | |
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Wambi Michael
KAMPALA, 13 nov (IPS) - Il y a plus de trois décennies, une fille de 14ans, sa sœur et un groupe de jeunes adolescentes originaires de Bukwo se dirigeaient vers le fleuve Amana pour une cérémonie qui changerait leurs vies à jamais.
Depuis l’enfance, Gertrude Chebet avait été informée du jour où elle allait devenir une femme. Elle a été amenée à croire que ce serait un grand moment de changement et que c’était quelque chose à espérer avec beaucoup de joie.
Pendant qu’elle et sa sœur ont commencé cette randonnée matinale, à partir de leur village dans l’est de l'Ouganda, dans le froid et à travers les buissons vers le lieu de l'initiation, elle espérait que cela devait être le plus beau jour de sa vie.
Mais elle s’était trompée. Il s'est avéré être le plus pénible.
"L'une des femmes les plus âgées qui supervisait l’excision a pris un échantillon de notre salive, de notre urine et de nos poils pubiens, puis a enterré le tout. Elle nous a ensuite ordonné de nous allonger sur le sol et après la première coupe, j'ai perdu conscience et je ne peux pas me souvenir de ce qui s'est passé par la suite", se souvient-elle maintenant.
Même après avoir perdu connaissance, elle et les autres filles n'ont pas été autorisées à utiliser la médecine moderne pour soigner leurs blessures. Elle a été plutôt forcée à utiliser l'urine de vache, prescrite par ses aînées.
Aujourd'hui, Chebet est une enseignante au primaire et fait des campagnes contre l'excision, autrement appelée 'mutilation génitale féminine' (MGF).
Chebet la condamne comme étant inutilement cruelle et inhumaine. Elle est la présidente de 'Kapchorwa/Bukwo Women in Peace Initiative' (Initiative des femmes en paix de Kapchorwa/Bukwo), un groupe de pression militant pour la promulgation de lois visant à abolir la MGF.
Mais il s'est avéré être un long et dur combat pour changer une tradition séculaire. Même ceux qui sont en position de pouvoir ont du mal à changer la culture de la mutilation faite aux jeunes filles.
Bien que l'Ouganda soit un signataire du Protocole de Maputo - une charte adoptée par l'Union africaine qui garantit les droits des femmes, y compris le droit de mettre fin à la mutilation génitale féminine - il n'a pas adopté une loi proscrivant la pratique.
Alors qu’au début de cette année, le président Yoweri Museveni a condamné la pratique, son gouvernement a été lent à passer une interdiction totale sur l'excision, en partie parce que son parti a besoin des voix de ceux qui soutiennent largement la pratique.
La force des électeurs est particulièrement évidente dans les communautés où l'excision est une pratique répandue. Ici, les femmes qui n'ont pas été mutilées ont des difficultés à être élues et certaines ont perdu les élections à cause de leur campagne anti-MGF.
Jane Frances Kuka, l'ancienne ministre du Genre et ancienne femme députée pour le district de Kapchorwa, une région qui a des lois interdisant l'excision, a perdu son siège parlementaire, partiellement pour avoir fait campagne contre la MGF.
"Mes adversaires ont utilisé ma position contre la mutilation génitale féminine comme une arme contre moi. Des aînés disaient qui est celle-ci (elle) pour contrarier notre culture?", indique-t-elle.
L'excision est pratiquée chez les Sabiny, les Sebei et les Pokot dans l’est de l’Ouganda. Elle se fait de différentes manières à travers le monde, mais en Ouganda, elle implique l'ablation totale du clitoris et le raclement des parties intimes de la femme.
"Il est courant que les filles saignent à mort après l’excision. D'autres sont infectées par des maladies, certaines meurent de tétanos. Beaucoup de filles développent des problèmes qui les affectent pendant l'accouchement", déclare Chebet.
En 2007, les conseils du district de Kapchorwa et de Bukwo ont adopté des arrêtés qui interdisent l'excision. Toutefois, ces textes sont largement ignorés et en décembre 2008, près de 40 filles à Kapchorwa et plus de 100 à Bukwo ont été soumises à ce rituel.
Chebet estime que la route vers l'élimination de la MGF est longue et difficile. Cependant, quelques progrès considérables sont en train d’être faits à travers la promulgation des arrêtés contre la pratique par des sous-comtés à Kapchorwa et à Bukwo. Elle affirme que la clé réside dans une loi nationale contre la mutilation génitale féminine.
En avril 2007, les femmes activistes, sous leur organisation faîtière appelée 'Law and Advocacy for Women in Uganda' (Loi et plaidoyer pour les femmes en Ouganda), ont présenté une pétition à la Cour constitutionnelle dans un effort visant à interdire l’excision.
Elles affirment que la mutilation génitale féminine est une violation des droits constitutionnels des femmes et que c'est une forme de torture qui constitue un traitement cruel et inhumain.
Le cabinet du procureur général, également ministère de la Justice, a demandé à la cour de rejeter la pétition. La Cour constitutionnelle a déclaré qu’elle n’avait pas encore statué sur l'affaire.
Rukia Nakadama, ministre de la Culture de l’Ouganda, affirme que le gouvernement est maintenant décidé à travailler avec les communautés où la MGF est pratiquée en vue de l'interdire.
Elle dit que le gouvernement appuiera également le projet de loi anti-MGF présenté au parlement par un député de base - qui est un membre du parti au pouvoir le 'National Resistance Movement' (Mouvement national de résistance).
Chris Baryomunsi, député de Kinkizi East (Kinkizi-est), un docteur en médecine originaire d'une région où la MGF n’est pas pratiquée, a déposé au parlement ougandais une proposition de loi visant à interdire la pratique.
Les députés ougandais, aux termes de l'article 94 de la constitution, peuvent initier une loi (en vertu de la proposition de loi faite par un simple) s’ils sentent que l’organe exécutif du gouvernement n'a pas initié une.
Baryomunsi dit à IPS qu'il se sent obligé, en tant que médecin et législateur, de faire quelque chose pour les filles et les femmes dans cette partie de l'Ouganda.
"Je ressens de la douleur et la tristesse que cela se passe en Ouganda. Que des femmes, volontaires ou involontaires, soient soumises à des méthodes grossières pour faire couper une partie de leurs corps alors qu’il n'y a aucun avantage médical. J'ai dû prendre les devants pour lutter contre cette injustice", explique-t-il.
Baryomunsi est soutenu par certaines femmes activistes, notamment la vice-présidente du parlement ougandais, Rebecca Kadaga, et il souhaite que la loi criminalise la mutilation génitale féminine.
Le projet de loi propose des sanctions sévères pour les chirurgiens traditionnels et les parents qui encouragent la MGF; elle suggère qu’ils prennent jusqu’à 15 ans d’emprisonnement, s’ils sont impliqués.
Baryomunsi souhaite également que la loi prévoie que le consentement d'une fille ou d’une femme ne sera pas une justification valable, étant donné les risques de santé liés à la MGF.
Gertrude Kulany, également une ancienne députée, déclare que l'interdiction de la pratique, à travers la loi uniquement, peut ne pas être la solution. Elle indique à IPS qu'il devrait y avoir une discrimination positive visant à accroître l'éducation des enfants filles afin que les jeunes filles elles-mêmes soient assez éduquées pour refuser de subir la pratique.
Baryomunsi espère que le projet de loi gagnera le soutien des deux-tiers nécessaires pour son adoption et pour qu'il devienne une loi. Les séances plénières n’ont pas encore eu lieu au parlement, mais plusieurs députés se sont déjà engagés à soutenir son adoption comme loi. (FIN/2009)
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sistersandrine Co-Admin
Nombre de messages : 4526 Age : 60 Date d'inscription : 15/03/2007
| Sujet: Re: La lutte contre l’excision continue de gagner des voix Sam 28 Nov 2009 - 3:06 | |
| Tiken Jah Fakoly : “Non à l'excision”
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