L'entreprenariat féminin s'active dans la production des fruits et légumes
Un projet de développement de l'entreprenariat féminin pour la production et l'exportation des fruits et légumes au Sénégal, a déjà généré plus d'une centaine d'emplois et plus d'une dizaine d'entreprises, selon le ministère en charge de la sécurité alimentaire et de l'entreprenariat féminin
Selon l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) qui coordonne le projet, celui-ci durera quatre ans et devrait générer 800 emplois et une quarantaine d'entreprises dans les années à venir.
Pour un projet dont le coût s'élève à plus de quatre milliards de francs CFA (plus de neuf millions de dollars), le ministère sénégalais de la Famille, de la Sécurité alimentaire, de l'Entreprenariat féminin, de la Microfinance, et l'ONUDI plaident pour une contribution massive des partenaires financiers en faveur de ce pays d'Afrique de l'ouest.
En dépit de leur volonté de développer la production et l'exportation des légumes, les femmes entrepreneurs du Sénégal, actives pour la plupart dans la microfinance et les petites entreprises, sont confrontées à plusieurs difficultés, selon Awa Diop, responsable d'une entreprise de transformation des fruits et céréales à Dakar, la capitale. Ces difficultés sont notamment liées à la qualité, aux ressources et aux moyens nécessaires permettant d'accéder aux marchés porteurs.
«Malgré notre forte présence dans le secteur de l'agriculture, notamment dans les produits horticoles et les produits transformés, il faut souligner que les femmes, qui mènent 35 pour cent de leurs activités dans la transformation des fruits et légumes, peinent encore à se tailler des parts conséquentes de marchés au niveau national comme international», se lamente-t-elle.
Pour sa part, Fatou Faye Ndiaye, membre de cette entreprise de transformation des fruits et légumes, ajoute que les difficultés se trouvent aussi au niveau de la conservation des produits.
«Des fois, les tomates récoltées ou les mangues pourrissent, faute de moyens de conservation moderne. Si nos partenaires pouvaient nous aider dans ce sens, cela nous aiderait énormément. A Tambacounda, une localité à plus de 500 kilomètres à l'est de Dakar, les bananes pourrissent, faute de moyens de conservation, c'est la même chose pour les mangues en Casamance, dans le sud du pays», explique-t-elle à IPS.
Le représentant de l'ONUDI au Sénégal, Edem Koffi, estime que la mise en oeuvre du projet de développement de l'entreprenariat féminin - pour la production des fruits et légumes - dépend de l'accompagnement des partenaires financiers. «Tout dépend des partenaires. Le système des Nations Unies au Sénégal accorde une importance particulière à l'autonomisation des femmes et à la promotion de l'égalité des sexes», déclare-t-il à IPS.
Pour booster l'entreprenariat féminin au Sénégal, le Bureau international du travail (BIT) a injecté pour cette année, plus de 200 millions de FCFA (plus de 454.500 dollars). Cette aide permettra de faire face aux défis auxquels sont confrontés les acteurs de l'entreprenariat féminin, en réduisant notamment les disparités entre les régions du Sénégal dans le financement accordé aux femmes.
Selon Marème Thiam, directrice de l'entreprenariat féminin, l'aide du BIT permet de renforcer les capacités des femmes dans la création d'entreprises modernes et dans l'optimisation du financement de l'entreprenariat. «Environ 1.300 femmes et jeunes ont été déjà formés en gestion d'entreprise et développement», indique-t-elle à IPS.
«Il est vrai que les facteurs bloquants du développement du secteur ont pour noms l'inégalité dans l'accès aux ressources, au financement et à la terre, sans oublier les difficultés d'accès à l'éducation et à la formation, à l'information économique et au service d'appui et de conseil. C'est pourquoi l'aide du BIT est un appui considérable pour faire des femmes sénégalaises des capitaines d'industries», ajoute-t-elle.
De son côté, la ministre de la Famille, de la Sécurité alimentaire, de l'Entreprenariat féminin, de la Microfinance et de la petite Enfance, Ndèye Khady Diop, reconnaît que l'ouverture des marchés mondiaux et la suppression des barrières économiques constituent des menaces certaines, mais affirme que l'Etat fera tout pour que les produits finis sénégalais puissent trouver des débouchés.
«Nous avons des accords de libre échange avec nos voisins du Mali, de la Guinée, de la Mauritanie et avec d'autres pays de la sous-région. Nos produits sont vendus dans ces pays-là, mais nous faisons tout pour que les produits sénégalais trouvent des débouchés aussi dans les pays européens», affirme-t-elle.
Par ailleurs, IPS a rencontré sept femmes rurales non alphabétisées et anciennes exciseuses. Elles travaillent actuellement dans l'exploitation de l'énergie solaire au profit de leurs propres communautés après avoir bénéficié d'une formation de six mois dans ce secteur en Inde, pour un programme de renforcement des capacités communautaires.
Selon le porte-parole des anciennes exciseuses, Doussou Konaté, les formations reçues leurs ont permis de maîtriser l'installation, l'entretien des unités d'énergie solaire qui fourniront une lampe fixe, une lanterne solaire, une lampe de poche et une prise par ménage pour permettre de charger les téléphones cellulaires.
«Chacune de nous va installer une unité d'énergie solaire dans son village et nous allons également former d'autres femmes de nos différentes communautés à devenir des ingénieurs solaires», grâce un financement de l'ONG américaine 'Tostan' (qui signifie 'sortir de l'oeuf' en wolof), en collaboration avec l'Etat sénégalais, explique-t-elle à IPS.
Dame Guéye, le coordonnateur du projet et chargé de programme à 'Tostan', indique que ces femmes techniciennes du solaire recevront une indemnité mensuelle de 3.000 FCFA (environ sept dollars) payée par leurs propres communautés.
Ces femmes habitent dans des villages enclavés du Sénégal et utilisaient des bougies et des lampes à pétrole. «C'est pour aider les femmes à avoir leur entreprise et en même temps aider leurs communautés en électrification rurale à avoir ainsi une activité génératrice de revenus que nous avons initié le projet de formation avec l'aide de la coopération indienne», souligne-t-il à IPS.
Le président de la Confédération des ONG d'appui au développement (CONGAD), Mor Talla Kane, estime que les dirigeants sénégalais doivent s'acquitter de leur promesse pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et les interpelle également pour une répartition équitable des richesses.
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