Allergies, maladies respiratoires et infectieuses, l’incidence du changement climatique sur la santé humaine doit être considéré comme un enjeu majeur lors du prochain sommet de Copenhague, avertissent médecins et experts.
Les ours polaires ne seront pas les seules victimes du changement climatique, ont souligné les participants au colloque « Urgence Santé Climat » organisé jeudi à Paris par l’Association santé environnement France (Asef – 2.500 médecins). « De nouvelles maladies et épidémies, davantage de catastrophes environnementales sont prévisibles, avec à chaque fois, les populations les plus vulnérables et les plus pauvres qui seront les premières touchées », selon le docteur Sandrine Segovia-Kueny, déléguée générale de l’Asef.
Dans les régions tropicales l’augmentation des cyclones « fait des morts directs », a souligné le médecin et explorateur Jean-Louis Etienne.
En Europe, la canicule de l’été 2003 a fait plus de 70.000 décès, dont 15.000 en France. Et d’ici la fin du siècle, l’augmentation de ce type d’évènement – les vagues de chaleur pourraient marquer un été sur deux en France - pourrait provoquer 86.000 décès par an en Europe, selon Stéphane Isoard, expert de l’Agence européenne de l’environnement basée à Copenhague.
Les « évènements extrêmes » peuvent également faire des victimes dans un deuxième temps, en raison du stress post-traumatique. Ainsi lors des inondations survenues en 2002 dans le Gard 953 personnes présentant des « troubles psychologiques » ont du être prises en charge, selon un récent rapport de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc).
Martin Guespereau, directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), a pour sa part mis en garde contre les risques liés à la microbiologie. « Avec 1 à 2 degrés celsius de plus dans l’eau de mer, il y a des bactéries qui peuvent se développer, représentant un danger potentiel de transmission à l’homme », a-t-il indiqué. « Des eaux plus chaudes, c’est aussi la prolifération d’algues et les algues peuvent être toxiques ».
Quant aux maladies vectorielles, elles sont à nos portes. Le moustique vecteur du chikungunya est installé dans le sud est de la France et a commencé sa remontée vers le nord. Pour le responsable de l’Afsset, « c’est clairement un effet du transport et du réchauffement ».
Et le changement climatique, « c’est aussi une modification des ultra-violet auxquels on sera soumis, et ces UV ont des effets directs sur l’ophtalmologie, la dégénérescence maculaire » (DMLA, une maladie de la rétine), a-t-il indiqué.
Il faut également s’attendre à une explosion des maladies respiratoires provoquées par la pollution atmosphérique. « 20% à 25% de la population souffre de phénomènes allergiques, c’est deux fois plus qu’il y a 20 ans », a indiqué M. Guespereau. Le pollen, libéré en quantités croissantes lors de périodes de floraison allongées, dopées par le réchauffement, est en cause.
La pollution à l’ozone entraîne de son côté une diminution du volume respiratoire – « vous toussez plus facilement » – a précisé le professeur Gérard Huchon, secrétaire général de la Fédération française de pneumologie. Les particules fines peuvent également « diminuer la fonction respiratoire chez les asthmatiques, surtout les enfants, et accroître la mortalité des adultes, par des cancers respiratoires », a-t-il ajouté.
En outre, il peut y avoir des « interactions » entre ces différents polluants et la température, a-t-il averti, un dangereux coktail d’ozone, de particules fines et de chaleur.
Paris, 12 nov 2009 (AFP)