Dakar, 14 juin (APS) – La 9-ème édition du Festival de cinéma Image et Vie s’est ouverte dimanche à Dakar sur deux films (un court et un long métrage) qui abordent, de manière différente, la question de l’émigration dans ses dimensions sociale et politique et un appel de son directeur à la préservation des salles.
‘’Mamadou, il est où ? est un sympathique et beau court métrage (12 minutes, Xilef Production) de Khady Ndiaye qui, en même temps qu’il met en exergue les relations entre les émigrés et leurs parents restés au pays, est aussi un hymne au métissage.
Mariettou (Aissa Maïga), une jeune Sénégalaise, accepte la demande en mariage de son fiancé Maxime, un Français. Lorsqu’elle décide d’appeler sa mère Aminata (Laurentine Milebo) sa mère qui vit au Sénégal, celle-ci comprend que sa fille va épouser un certain Mamadou. D’où le quiproquo qui s’installe jusqu’au jour du mariage.
Le long métrage proposé à l’ouverture de l’édition 2009 du festival est d’une tonalité à la fois sociale et politique. ‘’Victimes de nos richesses’’ du Malien Kal Touré qui, un an après les évènements dramatiques qui se sont déroulés en septembre 2005 aux abords de Ceuta et Melilla, rapporte les témoignages de candidats à l’émigration revenus presque de l’enfer après des tentatives de la Méditerranée.
Ces jeunes racontent, avec précision et lucidité, leurs versions des faits que les médias occidentaux avaient déjà montrés. Dans sa lecture de la situation du continent, Kal Touré souligne que l’Afrique n’a aucune raison d’être dans l’état de dépendance
Au-delà des problèmes de l’agriculture, les difficultés du système éducatif paralysé par les mouvements de grève et les faibles budgets, la question de la dette, le réalisateur fait ressortir cette réflexion dans le but de faire réfléchir les dirigeants occidentaux : ‘’nous sommes tous sur la même planète’’.
Pour la sociologue malienne Aminata Dramane Traoré, partie prenante du film, tout ce qui se passe, depuis l’esclavage et la colonisation, est ‘’cohérent’’. Elle relève le cynisme du discours des dirigeants occidentaux destiné à maintenir les populations africaines, notamment noires, dans la précarité.
Les solutions proposées pour permettre aux producteurs africains de vivre de leur travail et de rester chez eux consistent notamment à inverser la logique de production pour réaliser la souveraineté alimentaire.
L’aspect protocolaire de la cérémonie d’ouverture de la 9-ème édition du Festival Image et Vie a consisté en un appel de son directeur Khalilou Ndiaye qui a invité les pouvoirs publics à ‘’travailler dans le sens de préserver les salles’’
‘’Il y a quelque chose à faire pour préserver les salles. Le festival et les activités que mène notre groupe constituent notre part d’action. Maintenant pour les maintenir, il faut des décisions politiques. Et celles-ci nous échappent’’, a dit M. Ndiaye.
Pour lui et les membres du groupe Image et Vie, il s’est agi, depuis la première édition en 2001, de ‘’défendre le cinéma et la cinéphilie dans le cadre des projections en plein air, dans les quartiers populaires’’.
Pour cela, ‘’le combat continue’’, a-t-il assuré, réaffirmant avec l’option affichée, de privilégier les enfants, ‘’Il s’agit de développer chez les enfants une culture cinématographique’’, a-t-il expliqué.
Au nom du ministre de la Culture, son directeur de Cabinet, Moussa Kâ, a ‘’encouragé’’ les organisateurs de la manifestation, les félicitant d’avoir ‘’défié tous les obstacles’’ avec leurs moyens propres et le soutien de leurs partenaires.
Cette année, la programmation d’Image et Vie sera étendue en Mauritanie et en Gambie. La manifestation se déplacera à Thiès (10 juin) et Saint-Louis (6 juin). A Dakar, les projections auront lieu dans des salles, dans des écoles, en plein air, a indiqué Khalilou Ndiaye ajoutant que des ateliers professionnels, des forums radiodiffusés, une exposition sur l’environnement sont aussi prévus.
Image et Vie célèbrera la Journée de l’Enfant africain (16 juin) avec un programme qui sera exécuté au CICES, en collaboration avec l’ambassade de Suisse. La journée du 18 juin est sponsorisée par l’ambassade d’Espagne.
Le programme prévoit aussi les classes de cinéma avec le Canadien Nelson Heinriks (17 juin de 10 heures à 12 heures au Bada Ciné de la Gueule-Tapée), Ciné-conte à la Case des tout-petits de la Maison de la Culture Douta Seck (17 juin).
La cérémonie de clôture du festival est prévue le 17 juin à partir de 19 heures au Penc-Mi avec une animation musicale, la remise des prix et une projection de films. Le jury est composé de Rokhaya Niang (comédienne), Youssouf Diatta, Abdourahmane Mbengue (journalistes) et Modibo Diawara (formateur).