Présence d'hormones dans des eaux minérales en bouteilles plastique
Une étude réalisée en Allemagne sur les eaux minérales en bouteilles de plastique fait apparaître la présence d'hormones qui semblent provenir pour l'essentiel de leur conditionnement, sans établir si cela est nocif ou non pour la santé.
Cette étude, publiée en mars par la revue en ligne "Environmental Science and Pollution Research", a été révélée mardi par le Figaro.
Martin Wagner et Jörg Oehlmann, du département d'écotoxicologie aquatique de l'université Goethe de Francfort, ont analysé des bouteilles de marques différentes dont quatre étaient commercialisées aussi bien en verre qu'en plastique, ainsi que des briques en carton recouvertes d'un film plastique interne.
Une expérience menée sur l'eau au moyen de levures modifiées fait apparaître dans 60% des cas une activité estrogénique "significativement plus élevée". Une autre impliquant des petits escargots d'eau douce montre un nombre d'embryons "plus que deux fois doublé" après 56 jours dans les bouteilles en plastique.
L'essentiel de cette présence hormonale venait selon les chercheurs du conditionnement, la même eau dans un récipient en plastique (ou en brique de carton) contenant plus d'estrogènes que celle en bouteille de verre (ou en plastique réutilisable, comme c'est possible en Allemagne).
"La consommation de l'eau minérale en bouteilles peut contribuer à l'exposition globale à des perturbateurs endocriniens", concluent les chercheurs, notant que l'étude "n'avait pas pour objet d'évaluer si la consommation d'aliments enveloppés dans du plastique implique des risques" pour la santé.
L'Institut fédéral allemand d'estimation des risques a réagi en indiquant qu'il n'avait "pas connaissance de substances utilisées (...) qui auraient un effet hormonal transmissible par l'eau minérale", et que "les consommateurs ne doivent pas renoncer à l'eau" commercialisée dans du plastique.
La chambre syndicale française des eaux minérales abondait mardi dans ce sens, citant le professeur de toxicologie Jean-François Narbonne selon qui "le test utilisé est totalement inadéquat pour mesurer les contaminations en perturbateurs endocriniens dans les eaux potables".
Elle affirme que "l'eau minérale naturelle est l'un des produits les plus contrôlés de l'industrie alimentaire" et que le PET (polyéthylène téréphtalate, plastique utilisé dans la fabrication des bouteilles) "ne pose aucun problème pour la santé publique".
Le syndicat des eaux de source a également réagi en contestant la méthodologie de cette étude, qui selon lui "a conduit leurs auteurs à une interprétation hâtive et diffamatoire envers les eaux embouteillées, d'où une source d'angoisse inutile pour les consommateurs".
Des scientifiques cités par le Figaro regrettent à tout le moins le "défaut d'information sur les emballages alimentaires".
Les échos.fr