Sénégal - Des paysans de plusieurs villages de la région de Thiès, dans le centre ouest du Sénégal, ont affirmé mardi qu'ils utilisent désormais des informations scientifiques pour faire face aux changements climatiques.
Ils sont plusieurs paysans de la communauté rurale de Fandène et de trois autres communautés rurales qui soutiennent utiliser des informations scientifiques dans l'agriculture, l'élevage, le maraîchage, l'arboriculture, l'agroforesterie et la gestion de l'eau.
Rencontrés mardi lors d'une visite de terrain du président du Centre de recherche pour le développement (CRDI), David Malone, des agriculteurs ont souligné que le changement climatique est «une vraie préoccupation».
Parmi ces agriculteurs, Mme Maguette Ndiaye, 40 ans, a estimé que le changement climatique, bien perçu par les populations, nécessite de nouveaux comportements d'adaptation.
«Nous avons remarqué maintenant qu'il est difficile de prévoir la pluie», a-t- elle déclaré, ajoutant que les précipitations sont parfois «précoces, parfois tardives, parfois trop abondantes, parfois insuffisantes».
Selon elle, quand il pleuvait avant, «il s'ensuivait une fraîcheur, mais maintenant, même après la pluie, il fait chaud».
Pour sa part, Théophile Samba Tine, un jeune agriculteur a remarqué «la dégradation des sols et la baisse des rendements».
Il a expliqué qu'il fait désormais recours aux informations scientifiques pour améliorer ses récoltes grâce au projet InfoClim implanté par le Centre de suivi écologique du Sénégal (CSE) et le CRDI.
Selon Gora Beye, agronome au CSE, les paysans qui jadis s'en remettaient à Dieu à chaque campagne agricole pour leur venir en aide «ont pris conscience de la nécessité de s'adapter aux changements climatiques».
«Un indicateur qui nous permet de mesurer leur prise de conscience est que chacun dit attendre les prévisions pluviométriques d'avant saison pour choisir ses semences ou utiliser une autre technique pour améliorer son activité», a-t-il dit.
«On ne peut pas se contenter de dire oui, je vais semer et ce que je vais récolter c'est Dieu qui l'a voulu ainsi», a poursuivi M. Beye, estimant que les paysans doivent désormais s'adapter grâce aux informations fournies par le projet dénommé InfoClim.
Pour le directeur du CSE, Assise Touré, qui conduit ce projet, des informations scientifiques qui n'arrivaient pas jusque-là à la base sont désormais disponibles grâce à un observatoire mis en place par InfoClim.
«Chaque année, aux mois d'avril et mai, l'ensemble des scientifiques et météorologues qui se retrouvent à Niamey (au Niger), centre régional qui travaille sur les prévisions météorologiques produisent des prévisions basées sur les températures de l'Océan, dans le Pacifique. Ces informations vont être mises à la disposition des paysans pour leur permettre de choisir leurs spéculations par rapport à la campagne agricole», a-t-il ajouté.
D'une durée de trois ans, InfoClim, qui se veut une plate-forme participative d'informations scientifiques, est financé par la Grande-Bretagne et le CRDI entre autres, à hauteur de 180 millions de francs CFA.
Thiès - 16/12/2008
Pana