Dès 2009, des banques islamiques pourraient être autorisées à ouvrir leurs guichets en France. Elles ont de bonnes chances d’y parvenir.
Hier, Christine Lagarde a affirmé son intention de faire de Paris une capitale de la finance islamique.
REVOLUTION en vue dans le monde bancaire. Après Londres, où la première banque islamique a ouvert ses guichets dès septembre 2004, la France pourrait autoriser d’ici à juin 2009 des banques respectueuses de la charia à s’installer dans l’Hexagone. Selon nos informations, elles sont au moins trois à avoir déposé une demande d’agrément : la Qatar Islamic Bank, qui dispose déjà d’une filiale à Londres, la Kuwait Finance House et la Al-Baraka Islamic Bank originaire de Bahreïn, l’une des monarchies pétrolières du golfe Persique.
« Dans un premier temps, ils se cantonneront à des activités de financement et d’investissement avant de se lancer d’ici deux ou trois ans dans la banque de détail », confie l’un des experts du cabinet Moody’s en France. Leur cible : les 5 millions de musulmans résidant en France. Un marché alléchant : selon une enquête réalisée en mai 2008 par l’Ifop, « 500 000 personnes d’origine musulmane seraient très intéressées par des emprunts bancaires respectant la charia ».
« Un facteur d’intégration »
De ce point de vue, « l’importation en France de la finance islamique serait un facteur d’intégration », souligne Hervé de Charette, président de la chambre de commerce franco-arabe. Principal obstacle : « La finance islamique fait peur car elle est, à tort, assimilée à l’intégrisme religieux, voire au financement du terrorisme », déplore Elyès Jouini, professeur d’économie à l’université de Paris-Dauphine. Voilà pourquoi « les banques françaises sont encore très frileuses sur le sujet », remarque Hervé de Charette. La crise économique mondiale vient toutefois de bouleverser la donne. De New York à Hongkong, toutes les places financières de la planète s’arrachent désormais les milliards de dollars amassés par les monarchies pétrolières du Golfe.
Drainer en France une partie de cette manne, particulièrement en cette période de crise, tel est l’objectif affiché par Christine Lagarde. « Nous sommes déterminés à faire de Paris une grande place d’accueil de la finance islamique », a affirmé hier la ministre de l’Economie en inaugurant le deuxième forum français de la finance islamique.
Le Parisien