DENREES PERIMEES IMPROPRES A LA CONSOMMATION

Des denrées périmées, impropres à la consommation sont vendues au marché de Thiaroye-Gare depuis plus de deux mois. Ces canettes, beurres, fromages et autres aliments nuisibles pour la santé à long terme qui sont vendus à 75 francs Cfa l’unité, sont recyclés-là par des commerçants véreux.

Le marché de Thiaroye-Gare, à l’intérieur comme à la gare ferroviaire et aux alentours de la mosquée de Taly Diallo, est-il devenu un lieu de recyclage de denrées impropres à la consommation ? Tout porte à le croire, car depuis plus de deux mois, des aliments y sont déversés à des prix bons-marchés. De ces produits, les canettes vendues à 75 F Cfa l’unité avaient éveillé les soupçons des populations. A notre passage sur les lieux, hier matin, les femmes qui vendaient ces marchandises avaient toutes fondu dans la nature. Les habitants expliquent cette attitude par le fait que la radio Sud FM avait déjà dénoncé cette vente, la veille.

Selon un résident, ces produits sont composés de laits, de beurres, de fromage, de canettes (boisson). Sur les quelques échantillons dont il disposait, l’on pouvait lire, entre autres dates de d’expiration de ces boissons, 12 – 02 – 2008 et 11 – 11 – 2008. Ces boissons périmées, jusqu’avant-hier lundi 17 octobre, tard dans l’après-midi, étaient encore proposées aux populations, moyennant 75 francs Cfa au lieu de 350 F Cfa l’unité dans les commerces.

A en croire cet habitant, « ce sont des femmes, appartenant pour l’essentiel à une même famille, qui vendent ces boissons des bassines contenant de la glace. Elles occupent les principales voies d’accès à la gare ferroviaire. Ce qui fait que, en dehors de nos enfants dont nous craignons pour la santé, leurs principaux clients sont des personnes qui vont ou revient du travail » se désole-t-il avant de préciser que leur fournisseur est d’origine asiatique. « C’est un asiatique, qui à bord d’une camionnette, vient livrer ces denrées à ces femmes depuis plusieurs mois ».

En dehors de Thiaroye, ce genre d’aliments est commercialisé dans plusieurs autres marchés et gares routières de Dakar. De Colobane à Lat Dior en passant par Pétersen, ces vivres sont proposés aux clients à des prix défiant toute concurrence. Là, les canettes, versés dans des bassines avec des glaçons pour les rafraîchir, sont monnayées à 200 francs Cfa l’unité.

Momar Ndao président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), qui confirme avoir été saisi de l’existence de ces produits, explique qu’il y a des commerçants spécialisés dans l’importation de produits dont la date de péremption est proche. Deux procédés sont utilisés pour recycler ces denrées. D’abord ils effacent les deux premières lettres du système de datation sur les pots et bouteilles. Le client, ne voyant que le mois et l’année, est ainsi trompé.

La seconde méthode de recyclage concerne le lait et les autres produits en poudre (café, cacao, boisson en poudre). Pour ce qui est du lait, les marchands achètent par sacs de 25 kg qu’ils réengagement dans des sachets plastiques. Ainsi, le produit peut être revendu entre 25 et 1400, voire 1500 francs Cfa suivant la quantité.

Des cancers en suspens

Plus grave, fait remarquer le président de l’Ascosen, en plus de ces produits qui ont des conséquences néfastes sur la santé plusieurs années après leur consommation, des denrées, encore plus dangereuses, sont commercialisées sur le marché. Il s’agit, entre autres, de vinaigres préparés à base d’acide acétique par des individus qui changent souvent de local. Alors que ce produit nécessite « une double fermentation », ces malfrats préparent leur vinaigre à base d’acide acétique mélangé à du sucre dilué.

De même, pour ce qui est des (poudres de) boissons aromatisées, si avant les produits n’étaient pas sophistiqués, aujourd’hui beaucoup d’additifs entrent dans leur composition. Or, ces composantes, en quantité supérieure, sont cancérigènes. Par exemple, un sachet de « Jin Kin » qui est fabriqué à base de saccharine (sucre) nécessite deux litres d’eau. Si ce volume d’eau n’est pas respecté, on se retrouve avec une forte concentration de saccharine dont 1kg équivaut à 500 kg de sucre ordinaire

Ce qui fait que « même si le produit respecte les normes, on se retrouve avec une concentration supérieure, posant du coup un véritable problème de santé » avertit-il. D’où la nécessité d’un contrôle de qualité et de quantité des additifs composant ces produits.

Revenant sur le cas précis des denrées périmées du marché de Thiaroye-Gare, Momar Ndao, affirme que les représentants de l’association consumériste à Pikine, qui se sont rendu sur place, n’y ont pas trouvé les marchandes qui ont eu le temps de disparaître, Sud FM ayant déjà vendu la mèche. Toutefois, ces agents ont réussi à se procurer des échantillons de ces produits qui ont été remis au service de répression des fraudes comme pièces à conviction. Un système de veille et d’alerte a été mis en place pour les traquer dès qu’elles reprendront service, rassure-t-il.



Ibrahima DIALLO | SUD QUOTIDIEN