De même que des parents inquiets pour la santé de leurs enfants sont tentés de se débarrasser des biberons en plastique, des chercheurs pourraient mettre au placard leurs pipettes et tubes à essais en matière plastique. Ces équipements pourraient en effet fausser les résultats de certaines manips.
Le matériel plastique jetable est présent dans tous les labos à travers le monde, soulignent Andrew Holt (University of Alberta, Canada) et ses collègues dans la revue Science publiée aujourd’hui. La mention «stérile» sur les emballages rassure. Et pourtant : ces chercheurs ont identifié deux additifs utilisés dans la fabrication des plastiques qui ‘’fuient’’ des tubes, embouts et autres équipements en plastique et qui interfèrent avec les expériences.
En l’occurrence Andrew Holt étudie l’action de plusieurs molécules sur une enzyme humaine, la monoamine oxydase-B, et il était surpris de voir que ces molécules bloquaient l’action de l’enzyme même à de très faibles concentrations. C’est ainsi qu’il a commencé à regarder de travers son matériel d’expérimentation. Avec ses collègues, il a rincé les tubes plastiques avec différents liquides afin d’analyser la nature des composants susceptibles de fuir.
Les chercheurs canadiens ont isolé un agent lubrifiant (oleamide) et un désinfectant (DiHEMDA) utilisés au cours de la fabrication des plastiques. Les deux sont des inhibiteurs de la monoamine oxydase-B, ont montré Holt et ses collègues. L’effet est encore plus marqué lorsque les produits de l’expérience ont passé 10 jours dans le tube à température ambiante. Les chercheurs soulignent que la contamination se produit aussi par les embouts de pipettes ou les plaques de puits.
Pour éviter la contamination, les chercheurs nettoient le plus possible les instruments avant de s’en servir mais ils perdent beaucoup de temps. D’autres préfèrent s’en tenir au matériel en verre.
Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
07/11/08