Afrique de l'ouest: le réchauffement climatique menace la pêche
DAKAR - Le réchauffement climatique menace le secteur de la pêche en Afrique de l'ouest en provoquant notamment une migration des poissons qui diminue d'autant des ressources halieutiques déjà en baisse en raison de leur surexploitation."Le climat influe sur la pêche régionale essentiellement par le biais des changements de température qui ont des effets sur le régime des vents et en conséquences sur les +upwellings+", des remontées d'eaux profondes riches en substances nutritives pour les poissons, a expliqué à l'AFP Luis Tito de Morais, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), à Dakar.
Il s'exprimait lors d'une conférence régionale sur les effets du changement climatique, tenue à Dakar jeudi et vendredi.
Selon M. Tito de Morais, "il y a des variations naturelles d'une année sur l'autre mais la tendance actuelle d'augmentation de la température aura des impacts en particulier sur les espèces qui effectuent des migrations importantes comme les sardinelles, les mulets et les courbines".
Toute modification climatique qui change ces régimes de remontées des eaux de fond "a des conséquences sur les stocks de poissons", qui vont diminuer, poursuit le chercheur.
Citant l'exemple de la sardinelle, il précise que cette espèce "a un cycle de déplacement le long de la Mauritanie, du Sénégal et de la Guinée pour des besoins de reproduction".
Mais "avec une modification du cycle thermique, il y a un déplacement de ce cycle migratoire qui fera que les poissons ne pourront plus rejoindre les zones de reproduction".
Deux pays ouest-africains en particulier, le Sénégal et la Mauritanie où les pêcheries sont importantes, seront affectés par cette modification du climat.
Le secteur de la pêche y est un grand pourvoyeur d'emplois et contribue largement, particulièrement pour le Sénégal, à l'alimentation des populations.
Mais le secteur est plongé depuis plusieurs années dans une grave crise en raison notamment de la surpêche de certaines espèces.
Le changement climatique va également affecter les stocks de poissons dans des estuaires du fait d'une diminution des précipitations qui va augmenter la salinité, selon les chercheurs.
En outre, l'acidification des eaux due à l'augmentation du C02 aura de plus en plus d'incidences sur les écosystèmes sensibles, indiquent-ils.
Isabelle Niang, géologue sénégalaise, a pour sa part évoqué l'avancée de la mer en rapport avec les changements climatiques, constatée dans des zones très vulnérables où sont concentrées les activités économiques, avec notamment une perte d'investissements dans la pêche et le tourisme.
Et pourtant, si elle est touchée de plein fouet par le réchauffement climatique, l'Afrique de l'ouest, par ses activités humaines et industrielles, ne contribue que pour une part très faible du total aux émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, selon les organisateurs de la réunion de Dakar.
Un pays comme le Sénégal a connu au cours de ces trente dernières années une augmentation de la température d'un degré et une baisse de 30% des précipitations, a relevé Pascal Sagna, un chercheur sénégalais, lors de cette rencontre.
AFP