Elections américaines 2008 - Les Sénégalais prêts à ...

DANS LES RUES poussiéreuses de Dakar, Pape Diallo déambule à la recherche de clients pour les contrefaçons de parfums qu’il vend à la sauvette. Casquette « Obama 08 » vissée sur le crâne par plus de 30 o C à l’ombre, le marchand ambulant dégouline de sueur. « Bien sûr que je soutiens Obama », répond du ton de l’évidence le jeune homme, qui a acheté à bas prix sa casquette dans un marché.
Pour beaucoup de Sénégalais, Barack Obama ne souffre aucune contestation. Si le candidat démocrate ne suscite pas la même ferveur que dans les pays anglophones comme le Nigeria ou le Kenya, l’engouement est réel. « Jamais une élection américaine n’a été autant suivie au Sénégal », observe Alioune Tine, président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme.

Chaque jour, les radios et la télévision relatent les événements de campagne et les derniers sondages.
Des pages entières sont consacrées au candidat démocrate dans les journaux. Un traitement de faveur qui relègue au second plan John McCain, quasi inconnu au Sénégal. Et si le nom d’Obama évoque peu de chose aux populations les plus pauvres et les moins informées, la grande majorité des Sénégalais sait que celui qui pourrait devenir président des Etats-Unis est un métis aux origines africaines. « Tout le monde est derrière Obama parce que c’est presque un Africain », explique Omar Ndiaye, un commerçant de 23 ans.

« Un Américain avant tout »

Lucides, les Sénégalais ne se font aucune illusion sur les conséquences dans leur vie quotidienne de l’éventuelle élection d’Obama. « Nous ne devons, nous Africains, rien attendre de lui, juge Jean-Pierre Diabaté, pourtant supporteur convaincu d’Obama. C’est un Américain avant tout… » En juin, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, avait lui-même salué la victoire d’Obama lors des primaires démocrates comme une « révolution dans les mentalités », mais s’était empressé de nuancer l’impact que pourrait avoir son élection sur l’Afrique. Tous sont d’accord sur un point : il y aura un déferlement de joie si Obama gagne et une atmosphère de deuil si c’est McCain le vainqueur.
Le Parisien