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 Ousmane Sow, sculpteur monumental.

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Baghera
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Baghera


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Ousmane Sow, sculpteur monumental. Empty
MessageSujet: Ousmane Sow, sculpteur monumental.   Ousmane Sow, sculpteur monumental. EmptyVen 10 Oct 2008 - 17:35

Ousmane Sow, sculpteur monumental. Img-162544dlmtt


Son Charles de Gaulle, en guêtres et culotte de cheval, est plus grand que nature, ce qui n'est pas peu dire. Surtout, il a les poches plates. Ousmane Sow y tient. "De Gaulle ne traînait pas de casseroles. Il n'a rien mis dans ses poches, contrairement à certains chefs d'Etat africains. Ceux-là, si je les sculptais, c'est des besaces pleines que je leur ferais, et des deux côtés", s'amuse le sculpteur sénégalais, en sirotant un jus de gingembre.

C'est ici, à Dakar, qu'Ousmane Sow a inventé sa mixture secrète, faite d'une vingtaine de produits (colle, sable, peinture...), plus ou moins longtemps macérés, potion mythique avec laquelle il "gâche" ses statues. C'est ici, dans la cour-atelier de sa maison de Yoff, quartier résidentiel de la capitale sénégalaise, qu'ont surgi ses premiers grands hommes : après Victor Hugo (une commande de Médecins du monde, dont la copie a été installée cette année à Besançon, la ville natale du poète), après Nelson Mandela (acheté par l'homme d'affaires François Pinault), Charles de Gaulle à son tour a émigré. La monumentale statue du grand cavalier à poches plates s'est posée à Versailles, dans la cour du conseil général - dont le président, Pierre Bédier, avait eu l'occasion d'apprécier le travail du sculpteur, lors d'une exposition à Saint-Germain-en-Laye.

Ousmane Sow lui-même est un géant. Adepte de culture physique, qu'il pratique chaque matin, il a une taille de basketteur et un gabarit de lutteur, à l'instar des Peuls, Massaï ou Indiens Sioux, tous ces grands balaises aux yeux tristes qu'il a fait naître de ses mains. Le pont des Arts avait accueilli, en 1999, quelques-uns de ces guerriers songeurs, gigantesques et peu vêtus. Ils avaient transformé la Seine en décor de western et propulsé Ousmane Sow au sommet de la notoriété. Ce succès a "ouvert les yeux de beaucoup d'Européens sur la réalité de l'art africain contemporain", estime le sculpteur Ndary Lô.

"La boursouflure boueuse", des corps nus, selon les mots de Germain Viatte, dans le livre collectif consacré au sculpteur (Actes Sud, 2006), le mouvement, la violence et la sensualité exprimées par les silhouettes terreuses, ruisselantes, calcinées, des acteurs de Little Big Horn, retraçant la victoire des Sioux sur les troupes du lieutenant-colonel Custer, en 1876, avaient séduit plus de 3 millions de visiteurs. Une performance réalisée grâce à la productrice Béatrice Soulé, compagne du sculpteur. "Je suis le prolongement de sa main", résume-t-elle. "Béa, c'est une professionnelle", corrige le peintre Soly Cissé, sans cacher son admiration pour cette femme d'affaires hors pair. Egalement photographe et cinéaste, elle prépare un livre pour enfants sur son grand homme à elle : Même Ousmane Sow a été petit devrait raconter la vie de l'ancien kinésithérapeute devenu un artiste coté.

Enfermé dans son immense villa, qu'il a baptisée Le Sphinx, Ousmane Sow a une réputation d'ermite. De "misanthrope ostentatoire", insistent ses détracteurs. Le sculpteur s'en défend. Le Sphinx, dit-il, n'est en rien une tour d'ivoire. "Les rumeurs de l'extérieur me parviennent. Le Sénégal va mal, et on ne peut pas ne pas l'entendre, ajoute-t-il. Mais j'ai un caractère entier. Je ne suis pas du genre à faire la cour aux puissants, au président Wade ou à je ne sais qui. Il vaut mieux que je sois à l'écart."

Agé de bientôt 73 ans, il a toujours détesté la foule et les mondanités. "Pour me reposer, je travaille", assure-t-il. Et il ne plaisante pas. En cinq mois, il a fait trois sculptures : Mandela, De Gaulle et L'Immigré (commandé par la ville de Genève). Quant à son père, Moctar, qu'il compte faire figurer dans sa série des "Grands hommes", il a mis un mois pour réussir à faire son visage. Pour mener à bien ce travail de mémoire et de re-création, Ousmane Sow ne disposait que d'une photo de passeport et de ses propres souvenirs.

"Mon père, c'est l'homme le plus accompli que j'ai rencontré", dit-il. Patron d'une société de transport, Moctar Sow appartenait à la génération des soldats de 1914-1918. Parmi les autres "Grands hommes" qui devraient naître dans la cour-atelier du Sphinx : le boxeur Cassius Clay, alias Muhammad Ali, et une femme, Rosa Parks, célèbre militante pour les droits civiques des Noirs américains, qui refusa, en 1955, de céder sa place à un passager blanc dans un bus, et fut, pour cela, arrêtée par la police. "Même s'il ne reste qu'une oeuvre ou deux, ça ne fait rien. Chacun, sur terre, a quelque chose à accomplir. Si les crapules laissent la trace de leurs mensonges, il faut qu'on sache aussi qu'il y a eu des gens de bonne volonté, des gens qui ont préféré mourir plutôt que de vivre à genoux", explique le sculpteur.

C'est sur les plages dakaroises de l'Atlantique, dans les années 1940, que l'histoire d'Ousmane Sow commence. Enfant, il sculpte des blocs de calcaire, ramassés au bord de l'eau. Il s'amuse, avec ses copains, à en faire des figurines. "D'abord, on les frottait sur le sol, pour les arrondir, puis on travaillait à la lame, pour donner une forme. On faisait des marins, des chevaux..." En grandissant, ses copains lâchent la sculpture pour le football. Pas lui.

Plus de trente années passent, pourtant, avant qu'il puisse vivre de son art. "Je n'étais pas parti pour ça", remarque-t-il, évoquant son départ pour la France, en 1957, après le choc causé, un an plus tôt, par la mort de son père. A Paris, Ousmane Sow obtient un diplôme de kinésithérapeute, métier qu'il va exercer pendant plus de vingt-cinq ans. Sur ses patients, dos tordus, chevilles pataudes, genoux enflés, l'apprenti sculpteur fait ses gammes. "La kiné m'a libéré du corps parfait. Je peux me bander les yeux et faire un corps humain de la tête aux pieds", dit-il aujourd'hui.

Il a été "le premier au Sénégal à faire de la sculpture monumentale", comme le relève son amie Aïssa Dione, styliste-designer, spécialiste des textiles. Cela a-t-il suscité des jalousies ? Sûrement. Certains l'accusent d'être "trop français", coupé de la société sénégalaise. La remarque fait sourire le peintre Soly Cissé, dont les oeuvres, elles aussi, voyagent loin de Dakar. "Les gens sont tissés par le temps, un pied au nord, un pied au sud, observe-t-il. On se croit africain, on ne l'est pas forcément. On est façonné par le destin et, aujourd'hui, le destin est multiple."

Ousmane Sow rêve de créer un musée, afin d'y rassembler ses oeuvres. Au Sénégal, bien sûr, mais pas dans la capitale. A ce jour, hormis une statue en bronze, Le Lanceur (série "Zoulou"), devant le lycée Mermoz de Dakar, aucune de ses sculptures n'est visible au Sénégal.
Catherine Simon
Le Monde.

Ses oeuvres : ICI

Ousmane Sow, sculpteur monumental. Img-163519izrkt
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